Le suicide est une porte de sortie honorable face aux épreuves que la vie nous réserve. Que des milliardaires chinois l’empruntent laisse néanmoins perplexe. A quarante ans, ils ont fait fortune. L’avenir devrait leur sourire. Ce n’est pas le cas. Ils savent que planent sur leur existence, sur celle de leur famille ou de leurs proches des menaces à peine formulables, car en dépit de tout ils aiment leur pays et sont fiers de sa réussite. Mais ils ne sont pas dupes non plus : la corruption, les trahisons, une exploitation féroce doublée de formes inédites de colonialisme gangrènent la société.
Alors, certains se pendent dans leur usine, ulcérés qu’on ait osé leur fournir des matériaux cancérigènes pour fabriquer des jouets. D’autres se demandent à quoi rime cette course insensée au profit. Les plus astucieux se retrouvent au Canada ou en Australie d’où ils contemplent effarés les bonds en avant d’un empire en porcelaine.
D’autres, dégoûtés, déshonorés, honteux d’avoir participé à cette curée décident d’en finir. La presse s’en émeut. Ne désespérons pas de l’Empire du Milieu s’il pousse même ses milliardaires au suicide.
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