La maire de Paris n’est pas avare de subventions publiques, pour remodeler l’île de la Cité par exemple. En revanche, quand il faut participer à la restauration de Notre-Dame de Paris, elle est aux abonnés absents.
Une souscription a été ouverte, on le sait, peu après l’incendie de la cathédrale pour financer sa restauration. Aussitôt, des particuliers du monde entier, des entreprises et de nombreuses communes de France ont mis la main au portefeuille. Ce mouvement était particulièrement émouvant de la part de petites communes ayant souvent des difficultés à entretenir leur propre patrimoine.
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Dans ce contexte, Anne Hidalgo s’était sentie obligée de promettre 50 millions d’euros pour la restauration de la cathédrale. On vient d’apprendre qu’elle ne donnera rien. Dans la longue liste des communes françaises qui se sont mobilisées figure donc une grande absente : Paris. Ceci est d’autant plus incompréhensible que la municipalité finance de bonnes œuvres en rapport avec sa sensibilité aux quatre coins de la planète. Les 50 millions seront réaffectés à un grand remodelage urbanistique de l’île de la Cité. Ce projet, déjà ancien, avait soulevé un tollé en 2016. Les Parisiens, apprend-on bizarrement, n’aimeraient pas l’île de la Cité et il faudrait y remédier à coup de « gestes architecturaux ».
Mais comment faire un grand projet architectural et justifier un budget XXL dans un lieu où tout est déjà construit, où tout est si beau ? Tel est le défi proposé à Dominique Perrault (auteur de bibliothèque François-Mitterrand). L’immense architecte, malheureusement, n’est pas à court d’idées : réseau de galeries souterraines, logements dédiés à la mixité sociale, pullulation de « canopées » (verrières) un peu partout, fermeture des ponts à la circulation et création de nouveaux à côté, occultant la vue sur le Pont-Neuf.
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L’équipe du projet aurait pu opter pour une concertation classique avec les associations, les élus, les riverains, les scientifiques, tous ceux qui ont des idées et des compétences. C’eût été prendre le risque de dialoguer avec des récalcitrants. La mairie préfère un pseudo-tirage au sort de ses interlocuteurs et une information de ces derniers par ses services qui seront également chargés de la synthèse. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !