L’Hexagone figure dans le peloton de tête des pays industrialisés les plus durement touchés par le Covid-19. Ce bilan humain et économique désastreux est dû à la lourdeur de notre appareil administratif obsédé par le respect des normes. Même en temps de guerre.
La France se prépare à un étrange désastre, car nous n’avons rien vu venir. Nous attendions de pied ferme la pandémie du SRAS en 2009, qui n’est pas arrivée. Roselyne Bachelot en a été pour ses frais ! Nous avons jugé que l’excès d’anticipation nous avait inutilement mobilisés et coûté. Aussi, quand on a évoqué la probabilité d’une nouvelle pandémie en janvier 2020, nous avons cru bon de laisser venir. Les Chinois ayant assez mauvaise presse – en vertu d’un mélange de défiance envers le régime communiste et de relents ataviques de supériorité –, il ne nous est pas venu à l’esprit que si la rumeur d’une catastrophe fuitait de Pékin, c’est que le mal était profond. Puis, nous avons recommencé avec les Italiens, soupçonnés de surjouer et d’être désorganisés. On en avait vu d’autres !
Sur le podium
Quatre mois plus tard, la France se prépare à être sur le podium des pays les plus mortellement touchés par la pandémie. Notre administration a réussi à taire dans un premier temps le désastre des Ephad (dont la déroute se cachait derrière l’horrible acronyme), mais a fini par le reconnaître fin mars : d’un coup, la mortalité officielle a presque doublé. Fin avril, l’administration a récidivé avec les 9 000 morts à domicile, dont de nombreux soignants. Le nombre officiel de victimes est donc de 33 000 morts au 29 avril, au deuxième rang mondial derrière la Belgique en nombre de victimes par million d’habitants (en tout cas parmi les pays industrialisés, car on ne sait rien de fiable des pays pauvres). À combien serons-nous à la fin de l’année ?
Nous nous apprêtons aussi à monter sur le podium des pays économiquement les plus déstabilisés par la crise : avec 75 milliards d’euros de manque à gagner de production par mois, nonobstant l’explosion des dépenses publiques, nous sommes déjà, à la fin mars, parmi les pays ayant la plus forte chute de PIB en Europe (deux points sous la moyenne), à – 5,8 %. Au second semestre, la chute de la production de richesse et du niveau de vie des Français va s’apparenter à une véritable purge, sans équivalent depuis les deux guerres mondiales. En quelques mois, quelles que soient les formes que cela prenne, les Français vont être appauvris d’au moins 10 %.
Alors oui, « nous sommes en guerre », a dit le Président Macron – quoiqu’il ait refusé d’évoquer le confinement. Mais le lyrisme présidentiel, s’il a bien été entendu par les Français, et reçu cinq sur cinq par les
