L’armée israélienne a découvert un tunnel du Hamas sous les bureaux de l’UNRWA. La Française et ancienne ministre Catherine Colonna préside un groupe chargé de déterminer si l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens fait le nécessaire pour «assurer sa neutralité», après qu’Israël a accusé douze de ses employés d’avoir participé aux attaques du 7 octobre 2023.
Après que des Hamasniks aient été pris la main sur leur badge de l’UNRWA, l’agence de l’ONU au service exclusif des réfugiés palestiniens a licencié ceux de ses salariés qui cumulaient cet emploi avec un mandat d’artificier ou de tueur pour le Hamas.
Et voici qu’un autre scandale touche cette malheureuse agence, avec la découverte d’un tunnel informatique du Hamas sous son siège central, dans le quartier luxueux de Rimal, à l’ouest de la ville de Gaza.
Visitez Gaza, son UNRWA et ses tunnels…
Une expédition dans ledit tunnel a été organisée pour la presse avec le colonel Nissim Hazan, qui commandait l’équipe responsable de la découverte. Le tunnel, long de 700 mètres et profond de 18, menait à un bureau, avec des coffres-forts en acier (qui avaient été ouverts et vidés), à des toilettes carrelées et à de grandes pièces, notamment l’une pour les serveurs informatiques et une autre pour le stockage de piles de batteries industrielles.
Le guide a expliqué : « Nous sommes au cœur du secret, dans les entrepôts de serveurs. … Il y a dix armoires de serveurs ici, pleines de gadgets… A côté d’eux se trouvait une puissante salle électrique. Ces deux pièces étaient exactement sous la salle centrale de communication du siège de l’UNRWA[1]. »
Apparemment, l’électricité était fournie par l’UNRWA : les câbles électriques entre les deux ont été sectionnés, mais laissés en place. Ils sont donc visibles, au départ dans le sous-sol de l’UNRWA et à l’arrivée, dans les installations du Hamas sous celui-ci.
Collusion entre l’UNRWA et le Hamas ? Élémentaire, mon cher Watson
Le monde entier fait mine de s’en étonner, mais elle est inévitable : Gaza est un État de facto depuis que les Israéliens s’en sont retirés sans contrepartie en juillet 2005, il y a 18 ans.
18 ans ! Il y a donc des Palestiniens, en âge de voter (si des élections étaient organisées), qui n’ont jamais rencontré un juif de leur vie.
Avant d’être Hamasnik, Gaza appartenait à la zone A, déterminée par les Accords d’Oslo. Signés en 1993, par Yasser Arafat pour l’OLP et Yitzhak Rabin pour Israël, ces accords prévoyaient la création d’un État palestinien en cinq ans, si les étapes pour y mener étaient respectées par les deux parties. Yasser Arafat devait reconnaître le droit d’Israël à vivre en paix et abandonner la lutte armée et Yitzhak Rabin devait reconnaître l’OLP en tant que « représentant légitime du peuple palestinien », ce qui fut fait et acté par le changement de nom du mouvement en « Autorité palestinienne » à qui l’occupant remit les clés de la zone A dès 1994.
La Cisjordanie et Gaza étaient réparties en trois zones A, B et C : la zone A gouvernée exclusivement par les Palestiniens, la zone B gouvernée par les Palestiniens pour tout ce qui était civil et les Israéliens pour tout ce qui était sécuritaire et la zone C restant, dans un premier temps sous contrôle israélien. 90% des Palestiniens vivaient en zones A et B.
Gaza étant en zone A, la Bande était gouvernée par l’Autorité palestinienne depuis 1994. À la mort d’Arafat, Mahmoud Abbas fut élu président de l’Autorité palestinienne et donc de Gaza, en 2005 pour un mandat de quatre ans.
Bien que la partie palestinienne n’ait pas rempli ses obligations vis-à-vis des Accords d’Oslo (reconnaissance d’Israël et arrêt des attentats), les Israéliens s’en sont retirés en 2005 : les civils juifs ont abandonné leurs villages, ce qui rendait inutile la présence des militaires, uniquement présents sur place pour protéger leur vie et leur sécurité.
Pour mémoire, il y a sur le territoire israélien non disputé, 2,1 millions de citoyens israéliens arabes qui vivent, sans avoir besoin de protection.
À Gaza, près de deux millions de Palestiniens vivent donc depuis 18 ans sur un territoire autonome, gouvernés par des autorités qu’ils ont choisies, dans des villes créées par la charité internationale, que l’on nomme à tort « camps de réfugiés », dont toutes les dépenses régaliennes sont couvertes par la communauté internationale : éducation, santé, voirie… mais pas la police ni l’armée.
Puisqu’il n’y a que des Palestiniens musulmans à Gaza, les employés de l’agence exclusivement au service des « réfugiés palestiniens » (à ne pas confondre avec les réfugiés tout court, qui relèvent du Haut-Commissariat aux Réfugiés) sont forcément des musulmans palestiniens. Etant donné que, depuis 2005, Gaza est une dictature dure, où rien ne peut advenir sans l’imprimatur lourdement taxé du Hamas, les 13 000 employés que l’UNRWA y salarie sont nommés ou accrédités par lui.
L’UNRWA n’est pas le gardien de son frère
Le Suisse Pierre Krähenbühl ayant dû démissionner en 2019 de son poste de directeur de l’UNRWA, suite à des accusations entre abus de pouvoir, népotisme et scandales sexuels, il a été promu à la tête de la Croix-Rouge internationale.
C’est donc son successeur et compatriote Philippe Lazzarini à qui est échu le devoir de plaider son ignorance pour l’épisode post-7 octobre.
Un tunnel aurait été construit sous ses locaux et des troupes du Hamas y auraient travaillé ? Ah bon ? Toute personne habitant trois étages au-dessus d’un appartement en travaux peut témoigner qu’il n’y a aucun moyen de se rendre compte de l’existence d’un chantier dans l’immeuble, a fortiori quand il s’agit d’en construire un second en-dessous.
Dans son communiqué, l’UNRWA a indiqué qu’elle n’avait « pas l’expertise militaire et sécuritaire ni la capacité d’entreprendre des inspections militaires de ce qui se trouve ou pourrait se trouver dans ses locaux »[2], ce d’autant moins qu’elle avait quitté son QG le 12 octobre, cinq jours après le début de la guerre.
Les mêmes habitants de l’immeuble ci-dessus imaginé attesteront certainement qu’un tunnel de 700 mètres de long, doté des infrastructures nécessaires à la vie de dizaines de personnes et au maintien d’un réseau informatique de haut niveau peut être construit en moins de quatre mois sans qu’il manque un bouton de culotte à l’air conditionné.
Invité à aller visiter le tunnel, Lazzarini a passé son tour
Le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) a frotté le nez de Lazzarini dans ses contradictions : « Mais si, vous saviez ! Le creusement d’un tunnel prend plus de quatre mois. Nous avons invité des hauts fonctionnaires de l’ONU à venir voir, et lors de réunions passées avec vous et d’autres fonctionnaires de l’ONU, nous vous avons informé que le Hamas utilisait le siège de l’UNRWA », a-t-il tweeté sur X.
Parmi les visiteurs à qui Tsahal a montré ces tunnels, un journaliste a déclaré : « il a fallu au total deux minutes de visite du siège de l’UNRWA, situé au cœur du quartier chic de Rimal, pour comprendre qu’ils savaient tout. »[3]
Il a vu, il a reconnu, mais de retour au bureau, vaincra-t-il la réticence de son rédacteur en chef ?
[1] www.reuters.com/world/middle-east/hamas-had-command-tunnel-under-un-gaza-hq-israeli-military-says-2024-02-10/
[2] https://bnnbreaking.com/world/unrwa-denies-knowledge-of-hamas-data-center-discovered-under-gaza-headquarters
[3] https://honestreporting.com/u-n-aware-media-defend-unrwa-as-agency-plays-dumb-about-hamas-tunnels-under-hq/