C’est une annonce qui a fait office de séisme dans le milieu politique lyonnais et qui a ébranlé les marcheurs. Gérard Collomb, soutien de la première heure de Macron, a fait une alliance avec les Républicains pour les élections municipales et métropolitaines de Lyon pour contrer la montée en puissance écologiste. La Gauche répond en faisant bloc derrière le candidat des Verts (EELV): Bruno Bernard.
Bien que déplorée par une partie des soutiens de Gérard Collomb, par les marcheurs nationaux ou simplement moquée par ses adversaires, cette alliance est à mon sens le moindre mal contre la montée des écologistes et de leurs alliés. J’entends bien que de nombreuses personnes n’apprécient pas vraiment, voire pas du tout, la «droite Wauquiez» pour des raisons parfaitement compréhensibles. Ils ont peur de la retrouver à travers François-Noël Buffet, le candidat LR-Collomb pour la métropole. Si ces craintes sont audibles, condamner d’office cette alliance pour cela semble bien léger. Le candidat reste un aguerri de la politique et connait bien le territoire de la métropole en tant qu’ancien maire d’Oullins, nul doute qu’il aura sa propre voix en cas d’élection. Quand bien même cette « droite Wauquiez » se retrouverait à la métropole de Lyon, ne serait-il pas bien plus « simple » de limiter voir de combattre cette droite qui a toujours assumé ses prises de position que de lutter contre des écologistes, qui en dehors du domaine écologique n’assument plus grand-chose.
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Nous ne pouvons pas non plus reprocher à cette alliance une « magouille politique pour garder le pouvoir » comme j’ai pu l’entendre puisque Gérard Collomb laisse sa place. Alors certes, on peut toujours dire que c’est une façon de garder une parcelle de pouvoir à la mairie de Lyon en cas de victoire grâce à son « poulain », l’ancien gymnaste Yann Cucherat, candidat pour la mairie centrale, mais cela reste quand même une sacrée évolution pour quelqu’un qui a régné depuis presque 20 ans sur Lyon. Les mauvaises langues rajouteraient que c’est une façon de conserver le pouvoir dans son 9e arrondissement puisque Gérard Collomb devrait rester tête de liste pour cet arrondissement, mais c’est un argument qui ne tient pas vraiment quand on connait les pouvoirs réels d’un maire d’arrondissement… Bref, cette décision surprenante et pour le moins honorable de Gérard Collomb nous montre bien que la situation est particulière, grave même, pour la ville et la métropole de Lyon.
Constat logique pour qui connaît un petit peu les écologistes. D’un point de vue national, ils ont des élus jamais désavoués et plus que douteux, au hasard, Esther Benbassa ou Michèle Rivasi. La première, sénatrice EELV, est une grande amie des indigénistes et décoloniaux qui n’hésite pas à participer en tant qu’élu de la République à « la manifestation contre l’islamophobie » de novembre dernier ou à publier ou signer des tribunes comme « Le voile, n’est pas plus aliénant que la minijupe ». Michèle Rivasi, quant à elle, est députée européenne et fut la numéro 2 de la liste Europe Écologie-Les Verts pour les élections européennes 2019 et est accessoirement une antivax notoire. Sur le plan des idées, EELV reste profondément antiprogrès et/ou antihumaniste voire carrément obscurantiste comme nous pouvons le voir dans le domaine énergétique ou agricole.
D’un point de vue plus local, Grenoble est l’exemple parfait de la gestion catastrophique des verts et de son alliance avec l’extrême gauche. Ainsi, rappelez-vous, c’est à Grenoble que l’association « Alliance Citoyenne » peut se permettre de militer en faveur du burkini. La qualité de vie s’est à ce point dégradée que la ville n’a eu une évolution de population que de 0.07% depuis 2012 contre 2.75% pour son département l’Isère, qui n’est pas forcément le département le plus attractif. Cette faible évolution de la population explique, en partie, les raisons des larges scores de son maire écolo Eric Piolle. Son électorat est chouchouté et donc reste quand l’autre partie de la population tente de fuir. Un constat que l’on peut confirmer par le prix moyen du m2 de l’immobilier grenoblois qui a plongé de 3.1% en 2018.
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Cette alliance écolo-gauche voire avec l’extrême gauche, n’est pas propre à Lyon ou Grenoble. Il faut dire que certaines idées issues des études postcoloniales ont trouvé écho dans ces différents camps politiques et permettent un rapprochement idéologique facilité. Nous pourrions citer le cas de Rennes où il y a eu une alliance EELV-PS pour le second tour des municipales. La maire PS, Nathalie Appéré, est connue pour avoir fait preuve de complaisance envers les islamistes en permettant, entre autres, le port du burkini à Rennes, mesure ayant reçu le plein soutien de la section locale d’EELV.
La décision de Gérard Collomb de s’allier avec la droite semble donc être avant tout motivée par la volonté de « protéger sa ville » de ce désastre. Même si l’alliance Collomb-LR n’est pas sur le papier suffisante pour remporter les élections face à un front écologiste-gauche, elle aura au moins le mérite de montrer que des politiques sont prêts à mettre de côté leur différence, quitte à se sacrifier, pour un objectif commun. Doit-on y voir ici un nouveau type de front politique commun mis en place par les élus locaux et en dehors de toute logique partisane ?