Certaines recettes tombent dans le domaine public et d’autres dans l’oubli. Au sommet de son art, le chef Bruno Verjus a exhumé celle de la tarte aux pralines, dessert iconique du regretté Alain Chapel, qui lui-même la tenait d’une femme de chambre espagnole.
C’est la dimension incroyablement éphémère de la cuisine : quand un grand chef disparaît, il ne reste plus rien de lui, juste quelques souvenirs de plats et de recettes, des anecdotes, des amitiés, des disciples et des émotions partagées. Le peintre laisse des tableaux, l’écrivain des livres, le cinéaste des films mais le grand chef, rien… Il a emporté son art et sa main dans la tombe. C’est pourquoi les gastronomes d’aujourd’hui regrettent tellement de ne pas avoir connu Alain Chapel, de Mionnay, dans la Dombes, mort en 1990. Ce chef campagnard de légende s’approvisionnait naturellement chez les paysans près de chez lui car, à l’époque, les fermiers ne vivaient pas de subventions européennes, ils pratiquaient la polyculture, leurs terres n’avaient pas été transformées en parking pour grandes surfaces, ils étaient fiers et n’allaient pas se ridiculiser devant Karine Le Marchand dans « L’amour est dans le pré ».
Alain Chapel, un type à part

À défaut d’avoir connu Chapel et cet âge d’or d’une cuisine française reliée à la terre, on peut toujours redécouvrir son dessert mythique
