Le billet du vaurien
Quand j’assiste à cette lutte stérile contre une pandémie qui sera inévitablement suivie par d’autres catastrophes sanitaires, je songe à ce proverbe tibétain : « Il est inutile de chercher à faire reculer le glacier. »
D’ailleurs personne ne peut prévoir ni où, ni quand les abîmes avaleront les hommes, ni où et quand ils les recracheront.
Quand on a compris cela, on est en phase avec Paul Léautaud qui notait dans son journal (je cite de mémoire) qu’un homme ou une femme qui vieillit seul dans un troisième étage, ça a quand même plus d’allure et de gueule qu’un vieillard entouré de ses petits enfants.
Pour moi qui végète seul au cinquième étage sans ascenseur, il ne me reste plus qu’à cultiver ma mélancolie, sentiment admirable et que je conseille à chacun. Avec précaution cependant : la seule jeune fille qui ait passé quelques nuits avec moi pendant le confinement sans aucune précaution est maintenant à l’hôpital psychiatrique.
Il convient de déguster le malheur d’être né, mais sans en abuser. Il est vrai que l’extrême jeunesse vous pousse à l’excès et qu’on en apprend plus sur l’existence à l’asile de fous ou en prison que sur les bancs de Sciences Po. Tout semble inessentiel et ornemental à côté, y compris ce que vous venez de lire. Conclusion de Camus : « Une seule chose est plus tragique que la souffrance et c’est la vie d’un homme heureux. »
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