Après la validation, hier soir, de l’essentiel du texte de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, l’intersyndicale a demandé « solennellement » à Emmanuel Macron de ne pas promulguer la loi. Le président tient bon et a promulgué le texte pendant la nuit. L’exécutif cédera-t-il face à la rue?
Le choix est très simple : soit c’est le gouvernement qui nous gouverne, soit c’est la rue qui nous gouverne. Le gouvernement de la France est constitué à l’issue d’un processus légal dont les règles sont fixées par la Constitution. Cela s’appelle une démocratie représentative, c’est-à-dire, le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Ce processus, légal, parfaitement codifié, et les institutions qui en résultent, peuvent seuls garantir la paix sociale, à la simple condition que tout le monde respecte les règles qu’il établit.
Emportés par la foule
La « rue » est constituée de groupes d’opinions ou d’actions, agissant de façon concertée ou non, par des manifestations, des blocages, voire des actions violentes, pour imposer ses propres décisions au gouvernement, pour en quelque sorte se substituer à lui.
Seules des menaces graves contre les libertés fondamentales ou des atteintes délibérées aux fondements mêmes de la démocratie constitutionnelle, justifient des mouvements de protestation populaires, voire l’insurrection. Je ne sache pas que nous soyons dans une telle situation de danger pour la démocratie : le Conseil constitutionnel se prononçait hier sur une réforme économique, changeant les modalités de départ à la retraite !!
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Si la rue impose sa loi au gouvernement, si le pouvoir légal cède, rien n’empêchera qu’à tout projet de l’exécutif qui ne plaira pas à tel ou tel syndicat ou parti, celui-ci ne s’efforce de mobiliser à nouveau la rue pour obtenir satisfaction. Et l’on sait que les possibilités de manipulation des foules se sont multipliées avec les technologies numériques.
L’émergence d’un quatrième pouvoir
Il n’est pas question ici de défendre une loi sur les retraites, ou un gouvernement ou un président. Il est simplement question de défendre un principe vital pour la paix civile.
Quelles que soient les bonnes raisons des syndicats, derrière le faux-nez d’une pseudo « démocratie sociale », se cache une action de force visant à tordre le bras de l’exécutif. Si cela fonctionne ce sera l’émergence d’un quatrième pouvoir qui en voudra toujours plus.
En tant que citoyen français, je ne souhaite pas que dorénavant des décisions concernant la gouvernance de mon pays me soient imposées par Madame Binet, en tête d’un cortège de drapeaux rouges, ni même par Monsieur Berger, ni une quelconque intersyndicale. Céder sur ce principe c’est jeter à la rue les clés de notre démocratie.