Le préfet de l’Oise vient d’interdire un concert du célèbre chœur des Petits chanteurs à la croix de bois. Selon le représentant de l’Etat, les enfants doivent bénéficier d’un contrat de travail et être rémunérés lorsqu’ils se produisent. Peu importe que les parents soient d’accord, peu importe surtout que les enfants souhaitent chanter bénévolement, la préfecture de Beauvais ne plaisante pas.
Je ne connais pas Monsieur le Préfet du département de l’Oise, mais il est tellement bien parti que je ne vois pas pourquoi il s’arrêterait en si bon chemin. Ainsi devra-t-il sans doute exiger l’établissement de fiches de paie en bonne et due forme pour les enfants participant au prochain tournoi de sixte d’Avricourt le lundi de Pentecôte[1. Commune prise totalement au hasard sur la page Wikipédia des communes de l’Oise. Ne vous y rendez pas, il y a de grandes chances que ce village n’organise pas de tournoi de foot pour la Pentecôte.]. En effet, les petits footballeurs, catégorie poussins[2. Enfants de 7 à 8 ans, précisé-je à l’attention des non-initiés du ballon rond.], devraient générer aux alentours de midi des recettes dues à la vente de merguez, de frites et autres boissons[3. Sans alcool ! Evin, le mal nommé, est passé par là.].
Le célèbre gala de danse moderne qui a lieu chaque fin d’année à l’école Roger-Salengro de Beauvais devrait quant à lui être annulé aussi, puisque les petites danseuses, emmenées par la célèbre Josette Michu, enseignante des CE2 de la même école, ne font pas l’objet de rémunérations d’intermittentes du spectacle, malgré des chorégraphies magnifiques sur les chansons de Lorie et Amel Bent.
Et si Monsieur le Préfet allait plus loin encore ? S’il considère que toute production entraînant des recettes doit faire l’objet de contrat de travail, il doit d’urgence exiger la fermeture de l’hypermarché Carrefour de Beauvais. En effet, on y vend du linge de corps fabriqué dans un atelier de la banlieue de Shangaï par des enfants, lesquels ne disposent ni contrat de travail ni rémunération. Pour le coup, Monsieur le Préfet ferait œuvre utile et cela serait bien plus courageux que de faire chier les Petits chanteurs à la croix de bois.
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