Revoir la pépite enneigée de Christian-Jaque, L’Assassinat du Père Noël, permet aussi de se souvenir que l’Occupation a connu un âge d’or cinématographique malgré les circonstances.
L’Assassinat du Père Noël, fleuron du réalisme poétique, tourné sous l’Occupation en 1941 et produit par la fameuse Continental Films, société germanique de droit français, pilotée par l’étrange Alfred Greven, fait indiscutablement partie de ces grands films, aujourd’hui oubliés, qui ont été tournés sous le gouvernement de Vichy, dans des conditions parfois difficiles, et qui se rattachent à ce courant hexagonal fantastico-poétique de l’entre-deux-guerres qui a enfanté de véritables pépites telles que La Nuit fantastique (Marcel L’Herbier), Les Visiteurs du soir (Marcel Carné), La Main du diable (Maurice Tourneur), L’Éternel Retour (Jean Delannoy), Le Loup des Malveneur (Guillaume Radot), Le Baron fantôme ou encore La Fiancée des ténèbres (tous deux signés Serge de Poligny).
Un cinéma protégé ? Avec la défaite française (armistice du 22 juin 1940) et l’entame du régime de collaboration, deux lignes ne tardent pas à s’affronter au sein du III° Reich victorieux. Pour Joseph Goebbels, ministre nazi de l’Éducation du peuple et de la Propagande, le cinéma français vaincu devait se transformer en simple produit de divertissement, « mais esthétiquement et artistiquement nul », afin de ne pas concurrencer la production allemande appelée à le remplacer définitivement sur le sol hexagonal. Heureusement, un premier miracle apparut en la personne d’un étrange monsieur, Alfred Greven, nazi de la première
