Stratégie de campagne ou véritable pluralisme? En s’engageant en politique auprès du FF+, un parti de droite afrikaner, le sud-africain Godfrey Skosana suscite bien des accusations à son égard. Ce dernier dit ne pas chercher particulièrement la sympathie des Blancs, mais souhaite en réalité simplement « améliorer les conditions de vie » de ses concitoyens.
En France, on connaît bien Tanguy David, l’étudiant en droit qui a fait l’objet d’une campagne d’insultes racistes de la part de gauchistes qui n’acceptent pas qu’un Noir puisse soutenir un candidat politique de droite comme Zemmour. On peine à imaginer leur réaction au cas de Godfrey Skosana, un Sud-Africain noir de 29 ans qui, aux élections municipales de novembre 2021, a fait campagne dans le Limpopo pour le Front de la liberté plus (FF+), un parti de droite afrikaner, fondé en 1994, qui à ses débuts réclamait la création d’une province autonome à majorité blanche. Aujourd’hui, il cherche plutôt à défendre les intérêts de la minorité blanche, surtout des pauvres.
Faisant fi des attaques, tee-shirt aux couleurs du parti, Skosana explique très naturellement que le Congrès national africain (ANC), le parti qui domine la vie politique depuis 1994, a failli à sa tâche et qu’il n’a vu aucun changement depuis la fin de l’apartheid.
« Les gens d’autres partis politiques disent que je suis utilisé par les Afrikaners. Ils disent que les Blancs ne nous aiment pas. Je ne cherche pas à être aimé par les Blancs. Je cherche juste à améliorer les conditions de vie de mes concitoyens », affirme-t-il. Pour lui, le FF+ est plus apte que les autres partis à venir au secours des pauvres de sa région où les routes sont encore inexistantes et où, dans une communauté comme la sienne il existe un seul robinet d’eau. Si finalement Skosana n’a pas été élu, sa candidature est loin d’être anodine. « Le FF+ est en pleine croissance. Mais ses dirigeants savent que cela peut stagner en raison du nombre limité de votes afrikaners et que s’ils veulent élargir leur base de soutien, ils doivent inclure des personnes d’autres races », avance Melanie Verwoerd. Selon cette politologue, une telle approche pourrait contribuer à abolir les barrières raciales qui perdurent en Afrique du Sud.