Dans La Soif de honte, Nicolas Bedos raconte sa déglingue, sa descente aux enfers de MeToo, sa condamnation pour agression sexuelle, sa mise à mort sociale, le salut par l’amour et par l’écriture. Au-delà des faits pénalement répréhensibles, le tribunal médiatico-féministe lui reproche d’avoir été un séducteur volage et égoïste, autant dire un salaud qui ne mérite ni oubli, ni pardon. Sous couvert de justice, il s’agit d’imposer une nouvelle morale
Dans un commissariat, même un homme accusé d’agression sexuelle a le droit de se défendre. Dans un tribunal, ce n’est pas certain, puisque Gérard Depardieu a écopé d’une peine alourdie pour cause de défense jugée inconvenante. Devant le tribunal médiatique, qu’il ait été ou pas condamné par la justice, il n’a qu’un droit : battre sa coulpe en expliquant à quel point il est indigne de pardon, vu la gravité de ses crimes et la noirceur de son âme. Le 3 mai, lorsqu’il s’installe face à Léa Salamé sur le plateau de « Quelle époque ! », Nicolas Bedos sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. C’est sa première apparition cathodique après deux ans et demi de bannissement. Il vient présenter La Soif de honte, le livre où, d’une plume à la fois mordante et poignante, il raconte et affronte sa déglingue, ses déconnages alcoolisés, la cohorte de femmes trahies, sa descente aux enfers de MeToo, sa condamnation pour agression sexuelle à six mois sous bracelet, qui équivaut à la peine de mort sociale, les projets qui s’arrêtent, le silence qui s’installe, les amis qui flanchent – je suis de tout cœur avec toi mais je ne peux rien dire –, la honte, les regrets, la vie qui malgré tout se fraye un chemin dans le malheur, le salut par la double grâce de l’écriture et de l’amour – celui de Pauline Desmonts son inébranlable compagne et aujourd’hui celui de leur fille. Mais ce qui se joue sur ce plateau de télévision, ce n’est pas sa vérité, avec son dégradé de nuances et sa part de négatif, c’est sa réintégration dans la compagnie des hommes. Léa Salamé n’est pas la simple animatrice d’un show télévisé, elle est la gardienne du système, celle qui, selon qu’elle baissera ou lèvera le pouce, prononcera la condamnation définitive ou accordera, non pas le pardon, mais l’éventuelle possibilité de l’obtenir un jour.
En arrivant sur le plateau, conscient de ne pas être un invité comme les autres, un de ceux qui restent babiller avec les autres une fois passé son quart d’heure de promo, Bedos s’autorise à peine un demi-sourire. Dans sa palette de personnages, Léa n’a pas choisi la pétaradante charmeuse, celle qui lance des œillades de velours au dernier chanteur ou acteur à la mode – je suis si heureuse de vous recevoir, le public vous adore. « On n’est pas potes, on ne se connaît pas », croira-t-elle bon de préciser en fin d’émission. La bonne blague. Tous deux nés en
