Un simple exemple de racisme ordinaire devient le révélateur d’un mouvement géopolitique qui cherche à diaboliser toute une nation ainsi que tous ceux ayant un lien supposé avec elle. Tribune de Charles Rojzman.
Un homme probablement marginalisé et perturbé psychiquement insulte une famille juive dans le métro parisien. A l’exception d’une jeune femme très courageuse qui se lève et filme la scène, les spectateurs présents dans le wagon restent passifs et indifférents. Les insultes de l’homme prennent évidemment pour prétexte la mort des civils à Gaza et le comportement monstrueux selon lui de l’armée de l’État juif. L’homme du métro sera certainement retrouvé et condamné. Mais peu importe en réalité. Ce qui importe, c’est que sa vision de ce qui se passe à Gaza est largement partagé et acceptée comme une vérité, en particulier par la jeunesse de ce pays, celle du moins qui suit l’actualité et ce qui se dit dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le 7 octobre est oublié. Ma propre petite-fille a mis un drapeau palestinien sur son profil. Mes neveux font la comptabilité macabre du nombre des morts de Gaza (en oubliant les soldats du Hamas) et en le comparant avec le millier de morts du 7 octobre. Antisémitisme d’atmosphère, oui, mais qui est responsable ? Qui ne veut voir dans le conflit que la culpabilité d’Israël ? Qui parle d’apartheid, de génocide ?
La propagande d’extrême-gauche, héritière de l’union soviétique, et l’islamisme ont réussi à faire d’Israël un repoussoir universel, en particulier pour une jeunesse occidentale qui ne veut plus entendre parler de guerre ni de violence. Ne connaissant pratiquement rien de ce conflit, en dehors de ce qui est dit dans les médias et sur les réseaux sociaux, écoutant des politiciens qui ont leur propre intérêt à adopter le narratif palestinien, de la France insoumise soumise à son nouvel électorat providentiel, au président de la République lui-même qui a peur d’un embrasement des banlieues et qui est contraint par des engagements géostratégiques tenus secrets. La gauche, quant à elle, voit dans les Palestiniens cet underdog, cet opprimé dont elle a besoin pour survivre dans un monde globalisé, – cette gauche qui a laissé de côté ses prétentions à représenter la justice sociale.
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Depuis le 7 octobre, paradoxalement, ce n’est plus la politique d’Israël qui est mise en accusation, avec son deux poids deux mesures habituels, mais c’est l’existence même de l’État d’Israël, « from the river to the sea », de la rivière à la mer, qui est en cause, d’un État qui devient l’exemple suprême du Mal dans notre monde, en tant qu’État « colonialiste » dans un monde décolonisé, Etat « d’apartheid » dans le monde du vivre-ensemble affiché, État « belliqueux » dans un monde occidental qui ne souhaite que vivre dans l’opium des dictatures douces, indifférent au bruit obsédant que font les véritables totalitarismes.
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