Olivier Bardolle, dans la veine d’un Cioran ou d’un Philippe Muray, jette sur notre époque un regard désabusé et ironique. Lui qui connaît sur le bout des doigts le cinéma américain du siècle passé, a pigé que le « Grand Mâle Blanc » tel qu’Hollywood le mettait en scène, est à l’agonie. Nous pouvons dire adieu à John Wayne ou à Gary Cooper pour ne citer que les plus emblématiques. Une agonie dont Olivier Bardolle pense qu’elle sera de moins en moins jouissive, car même les spermatozoïdes de l’homme blanc sont épuisés.
En revanche, la population mondiale s’accroît à une vitesse telle que nous n’aurons plus que les miettes du festin auquel nous aspirions. Cette démographie galopante et insensée donne à Olivier Bardolle des envies de meurtre: une relaxation démographique l’apaiserait. Son essai L’Agonie des grands mâles blancs sous la clarté des halogènes (L’Éditeur) est un manifeste anti-nataliste qui exaspérera tous ceux qui se penchent avec un sourire niais sur les nouveaux-nés et qui refusent de voir que le plus sombre ennemi de l’art et de la pensée n’est autre que le landau dans le vestibule.
Pour donner le ton de cet essai roboratif en dépit de son côté crépusculaire nous annonçant un monde de zombies, je citerai ces quelques lignes piochées au hasard : « Tout a rapetissé sous la dictature du nombre, nous sommes désormais peuplés d’êtres inutiles, assignés à résidence dans des trois-pièces cuisines encombrés d’écrans, de terminaux, de tablettes électroniques, d’êtres impuissants qui étouffent lentement dans des logements clapiers à la fois invivables et hypersécurisés. » La messe est dite. L’agonie du Grand Mâle Blanc s’achève. Est-ce nécessairement désespérant ? Olivier Bardolle a l’élégance de laisser la question ouverte.
L’Agonie des grands mâles blancs sous la clarté des halogènes, Olivier Bardolle (L’Éditeur)
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