La Dépêche du Midi rapporte qu’un détenu de sexe masculin, incarcéré avec les hommes depuis le mois de juin à la prison de Toulouse-Seysses, se déclarant transsexuel mais toujours doté d’un appareil génital masculin, a obtenu d’une cour de justice française son changement de sexe à l’état civil et son transfert dans une prison pour femme.
Cette décision est une première : jusque-là, les transsexuels n’étaient incarcérés avec les femmes qu’à la condition d’avoir subi une vaginoplastie.
La transition MTF (Male to Female : homme vers femme) à laquelle ce détenu a choisi de procéder n’a conduit qu’à la modification de l’apparence de la seule partie haute de son corps. C’est donc une personne dotée, certes, d’une poitrine, mais également d’un pénis a priori en parfait état de marche et de testicules vraisemblablement intacts, dont la justice française a décidé qu’elle était une femme à part entière. Car cela n’aura échappé à personne : une femme, c’est juste une paire de seins.
Les surveillants sur le cul
Ce détenu, sa poitrine opulente et ses bijoux de famile ont donc fait leur entrée ce 9 avril dans la maison d’arrêt des femmes (MAF). Et ce sont donc des surveillantes et non des surveillants qui ont dû pratiquer les fouilles réglementaires. « Ces agentes sont sidérées à l’idée de devoir pratiquer des fouilles intégrales sur personne de sexe opposé, ou tout du moins, possédant les attributs de genre masculin, en l’espèce : un pénis et des testicules » a déclaré à la Dépêche du midi David, le représentant local du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) de la maison d’arrêt de Seysse.
Cette situation humiliante pour les surveillantes a poussé le SPS à adresser un courrier au parquet de Toulouse pour suggérer le transfert du détenu dans l’une des quelques prisons qui, comme Fleury-Mérogis, disposent d’une zone réservée aux femmes transsexuelles dans le bâtiment masculin. Le courrier est resté pour l’instant sans réponse. Il est vrai que les détenues transexuelles, que l’on estime à une centaine dans les prisons françaises sont généralement tenues à l’écart des détenus masculins, leur vulnérabilité les exposant à des violences de leur part. Mais les placer en détention avec les femmes n’est pas une décision envisageable pour autant.
La crainte de viols
C’est ce qu’illustre le cas Karen White de 2019 qui a obligé le ministère de la justice britannique à revenir sur ses idéaux anti-biologiques. Karen White, né de sexe masculin mais s’identifiant comme une femme, avait été placée en détention provisoire dans le quartier des femmes à la prison de New Hall à Wakefield en 2019. Il y a violé deux prisonnières. Décrit par le juge comme un « prédateur » représentant un danger pour les femmes et les enfants, il sera condamné à la perpétuité.
Ce fait divers sordide a conduit à l’ouverture de la première unité pénitentiaire pour détenus dits « transgenres » dans la prison pour femmes du sud de Londres. Strictement réservée aux mâles biologiques s’identifiant comme des femmes, elle est hermétiquement séparée des quartiers des femmes.
Il est indéniable que les femmes transgenres sont la cible de violences verbales, physiques et sexuelles lorsqu’elles sont emprisonnées avec les prisonniers hommes et qu’elles doivent en être protégées. Mais le cas Karen White prouve qu’elles sont aussi susceptibles de constituer une menace pour l’intégrité physique des prisonnières de sexe féminin quand elles sont incarcérées avec elles.
Pourtant, en France, des associations intersectionnelles LGB et T comme Act’up ou Génépi (association féministe et anticarcérale) militent activement contre ce qu’elles qualifient de « transphobie pénitentiaire » et demandent « à ce que les femmes transgenres soient enfermées dans un quartier correspondant à leur genre » coûte que coûte.
Un nouveau dossier pour le garde des Sceaux
La France ferait bien de s’inspirer du cas britannique mais pas que, car d’autres cas d’agressions sexuelles de femmes par des femmes transsexuelles ont été confirmés – au Canada, dans l’Ontario, aux États-Unis dans l’Illinois ainsi que l’État de Washington, etc – .
Cela permettrait non seulement de protéger les prisonnières femmes ainsi que les surveillantes mais aussi de protéger les prisonniers transsexuels, les sortir de la détention en isolement obligatoire dans leur cas et enfin de leur fournir la prise en charge médicale (hormones, etc) dont ils sont dépendants à vie et sans lesquels la nature reprendrait vite ses droits.
Il est à craindre que la situation carcérale en France où les prisons sont surchargées et les moyens matériels et humains rarissimes ne fasse de la condition des personnes trans dans le système pénitentiaire le dernier souci du garde des sceaux. Il est à craindre que la condition des femmes dans ce même système n’en fasse les frais.