Au mois de mars, un prêcheur musulman californien prétend avoir été la victime d’une agression violente par un Blanc islamophobe. En septembre, il annonce que son agresseur a été arrêté. Pourtant, aucune trace officielle ne semble prouver la véracité de ses dires.
A notre époque, le statut de victime a tellement d’importance dans les guerres de propagande que certains individus ont recours à des mises en scène non seulement pour attirer la sympathie de leurs collègues idéologiques, mais aussi pour accuser leurs adversaires idéologiques d’être des oppresseurs violents.
On se souviendra du cas de l’acteur afro-américain, Jussie Smollett, qui en 2019, a payé deux hommes nigérians pour faire semblant de le tabasser dans la rue, la nuit, en l’injuriant de propos racistes et homophobes et en scandant le cri de ralliement des supporters de Donald Trump, « MAGA ! » (« Make America great again »). La nouvelle a provoqué un mouvement d’indignation dans les médias de gauche et le gratin hollywoodien qui ont dénoncé les violences racistes des Blancs, surtout trumpistes. Pourtant, une enquête par la police a découvert la supercherie. Quoique défendu par l’organisation Black Lives Matter, l’acteur a finalement été reconnu coupable par un tribunal d’avoir manigancé sa propre agression.
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Un fait similaire s’est produit cette année, mais cette fois la fausse victime prétend avoir été agressé par un Blanc islamophobe. Le 24 mars, un imam de San Diego en Californie, Uthman Ibn Farooq, poste une vidéo sur sa chaîne YouTube – qui a 303 000 abonnés et la vidéo 417 000 vues – où il raconte comment il a été insulté, agressé (« you *** terrorist !! ») et même poignardé à l’estomac par un homme portant un masque anti-covid et une casquette de baseball. L’incident aurait commencé au moment où le prêcheur était assis au volant de sa voiture et le point culminant de l’attaque serait arrivé après qu’il était descendu de son véhicule.
La vidéo postée comprend une séquence que l’imam aurait filmée de l’intérieur de la voiture et qui montre l’agresseur supposé en train de proférer des injures. Au cours de son récit de l’attaque, le prêcheur expose ce qui semble être un pansement sur son ventre. Il ajoute qu’il a été soigné aux urgences et qu’il a porté plainte à la police. Le Council on American-Islamic Relations, par sa branche de San Diego, a condamné une agression motivée par des préjugés antimusulmans.
La nouvelle de la prétendue attaque s’est répandue sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. Au Royaume Uni, le média d’informations musulman, 5Pillars, a tweeté sa condamnation de l’agresseur islamophobe. Des YouTubeurs musulmans notoires, comme Eddie Deen, un converti à l’islam, qui a plus de 537 000 abonnés. Des médias au Nigéria et en Afrique du Sud ont rapporté l’incident. Certains commentateurs ont condamné les médias occidentaux, américains et autres, pour avoir ignoré ce crime haineux.
En septembre, Uthman Ibn Farooq a annoncé que la police avait trouvé et arrêté son agresseur. Le think tank américain, Middle East Forum, a décidé de mener une enquête, dont les résultats ont été publiés le 16 octobre. Contactée à plusieurs reprises, la police de San Diego a nié avoir procédé à une telle arrestation et même avoir la moindre trace d’une plainte de la part de l’imam.
Puisqu’aucune plainte n’a été déposée, le prêcheur ne court aucun risque d’être condamné comme Jussie Smollett l’a été. Pourtant, son exemple montre que, quand les enjeux politiques et sociaux sont importants, il faut toujours se méfier des fausses victimes.
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