Les camps sont désormais bien identifiés: extrême -gauche, décolonialisme, écologisme rougeâtre, pensée « woke », cancel culture et autres idiots utiles de l’islamisme et, en face, un assemblage hétéroclite de laïques, de souverainistes, de républicains du printemps, tous proches sans vouloir le dire toujours d’un nouveau Rassemblement national et de ses transfuges ou du moins partageant leurs préoccupations sur l’immigration, la guerre des banlieues, la sécurité quotidienne et la survie de la nation comme les Ménard, Messiha, Maréchal, Zemmour, Charlotte d’Ornellas. Une gauche et une droite en capilotade, un islamisme représenté par des frères musulmans, des Turcs erdoganistes, des tablighis, des salafistes. Des gouvernements qui tiennent la barre d’un navire qui craint de chavirer dans la tempête annoncée, s’appuyant sur une Europe à la face perdue et un droit désuet et une justice chancelante. Dans l’attente, une école qui ne se sait pas en ruines, une armée encore grande muette, une police qui gronde en sourdine et des citoyens divisés selon leurs revenus, leurs lieux d’habitation et de travail, divisés également par leurs appartenances communautaires, taiseux mais laissant échapper parfois des colères pas toujours bien entendues ni bien résumées.
Sur tout cela planent les ombres d’un Macworld encore américain mais désormais de plus en plus chinois et d’un djihad assumé et conquérant. Les réseaux sociaux s’empressent de n’offrir que le choix entre les arrangements soumis ou la guerre à outrance, où la raison, le dialogue et l’esprit critique n’ont plus de place ni la voix au chapitre. « Quos vult perdere Jupiter démentant ». « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre. »
L’époque semble folle et le bon sens disparu. On est sommé d’appartenir à un camp et gare à ceux qui refusent d’être disposés dans de petites niches idéologiques. Ils sont vite vus comme des traitres à la cause. Comme dans la vie d’un individu tenté par le suicide, la dépression ou le meurtre, les sociétés balancent d’un extrême à l’autre, d’une maladie collective à une autre, élites et masses populaires unies dans le cynisme et la désespérance.
D’où viendra le salut ? La reconnaissance de la réalité? La fin des privilèges dans une nuit du 4 août renouvelée? Une révolution non manichéenne? Les retrouvailles avec l’amour de soi et la confiance en soi qui orientent l’action et déterminent un destin meilleur, même s’il faut en passer par l’usage de la force? Chacun de nous en est responsable et redevable, même si l’héritage des erreurs et des fautes passées est lourd. Nous aurons besoin de beaucoup de science et surtout de beaucoup de conscience.
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