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Un formidable alignement des planètes pour Trump

La chronique géopolitique de Richard Prasquier


Un formidable alignement des planètes pour Trump
Le président élu Donald Trump marche avec Elon Musk avant le lancement du sixième vol d'essai de la fusée SpaceX Starship, le mardi 19 novembre 2024 à Brownsville, Texas © Brandon Bell/AP/SIPA

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle a été surprenante pour beaucoup de monde.


L’élection de Donald Trump est un événement qui sort totalement de l’ordinaire tant par la trajectoire personnelle de l’homme que par les conséquences qu’une nouvelle présidence peut avoir sur la géopolitique mondiale, mais aussi sur l’avenir de la planète et sur la hiérarchie des valeurs dans lesquelles nous avons été habitués à vivre.

Incompréhension

M’étant trompé sur les chances de Trump, après sa prestation que j’avais jugée très médiocre face à Kamala Harris, je voudrais comprendre ce que je n’avais pas compris sur la société américaine et peut-être aussi sur d’autres.

Sa victoire n’est pas écrasante: avec 1,6% d’écart de voix par rapport à son adversaire, Trump est loin de Reagan en 1984, de Johnson en 1964 et surtout de Nixon en 1972 (le mieux élu des présidents, qui a dû démissionner deux ans plus tard), qui l’avaient emporté avec environ 20% de voix d’avance. Trump a curieusement moins de grands électeurs qu’il n’en avait en 2016, alors que cette année-là il avait près de 3 millions de voix de retard sur Hillary Clinton. Curiosités du système fédéral américain…

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Il bénéficie d’une majorité dans les deux chambres du Congrès et à la Cour Suprême : cette situation est rare: ce fut le cas de Johnson en 1964 (ce qui lui a permis de passer le Civil Rights Act). A noter, enfin, que Obama en 2010, Trump en 2018, Biden en 2022, ont perdu le contrôle de la Chambre des Représentants au cours des élections à mi-mandat, ce qui a dès lors obéré leur capacité à légiférer. L’alignement des planètes dont bénéficie Donald Trump aujourd’hui, ainsi que la présence d’une équipe professionnelle autour de lui, présage que des réformes de grande ampleur seront menées avant les prochains midterms.

Trump a gagné 5 millions d’électeurs par rapport à 2020, malgré les polémiques et les procès. Ces électeurs ne sont pas uniquement les personnages caricaturaux que l’on a vus lors de l’attaque du Congrès du 6 janvier 2021 après qu’il eut déclaré que les élections avaient été volées (ce qui n’a jamais reçu une once de confirmation). 

L’inflation et le ressentiment au cœur de la campagne

La politique internationale a compté très peu et l’économie a été le facteur prédominant de la victoire de Trump. Une hausse des prix de 20% en quatre ans, contre 14% en France, n’est pourtant pas massive, d’autant que la hausse des salaires l’a partiellement  compensée. Cette inflation a en outre beaucoup diminué, mais il était trop tard. Trump a su en faire un cheval de bataille, accusant les  investissements considérables du plan Biden d’en être responsables, d’être inefficaces et politiquement orientés vers ces énergies vertes que détestent les électeurs des districts d’extraction minière comme il y en a beaucoup dans les zones rurales de Pennsylvanie. Kamala Harris a mal défendu le bon état global de l’économie américaine qui est une donnée abstraite aux yeux des électeurs. En situation  de plein emploi, Trump a su au contraire faire passer le message que l’immigration massive maintenait les salaires à la baisse.

Mais si la baisse de la consommation a pris une place si importante, c’est qu’elle s’intrique à un sentiment d’humiliation, moins facilement exprimable et de ce fait sous-estimé. Le géographe Christophe Guilluy parle des «dépossédés», ces gens du travail et des classes moyennes qui ont l’impression d’une déconnection des élites, en partie mondialisées et friandes de débats et de valeurs qui ne sont pas celles que eux portent traditionnellement.

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Le ressentiment qui en résulte, aussi culturel qu’économique, alimente le populisme. Il se nourrit aux États-Unis de la mythologie de la frontière avec son rejet des hiérarchies bureaucratiques et fédérales. Trump a senti ce mécontentement profond, que beaucoup d’habitants des grandes villes américaines perçoivent mal. Mes amis aux États-Unis ont tous voté démocrate: cela s’appelle en statistiques un biais d’échantillonnage. Même les enquêtes d’opinion n’y échappent pas, car comme pour le Rassemblement national en France, beaucoup de sondés  cachent le vote de colère qu’ils vont déposer dans l’urne.

Les minorités, elles-mêmes pourtant très sollicitées par les démocrates, ont souvent voté pour Trump. Les latinos et les noirs partagent tout simplement eux aussi beaucoup des colères de l’Amérique profonde. On ne peut que se méfier de l’exploitation de ces colères par un président qui en est un remarquable sismomètre mais qui a une grande indifférence par rapport à la vérité.

Trump et les Israéliens

Certains des membres de son cabinet, tels Tulsi Gabbard aux renseignements, Matt Gaetz à la justice ou Robert Kennedy Jr à la Santé semblent de mauvaises blagues au vu de leurs antécédents. Ces deux derniers ont de plus un certain palmarès de déclarations antisémites. Quant au rapport d’Elon Musk à la vérité, c’est un sujet d’inquiétude mondial…

Mais en ce qui concerne Israël, les choix qu’a faits M. Trump jusqu’à maintenant ont conforté son passé de soutien à ce pays ainsi que ses déclarations sans ambiguïté sur le caractère intolérable de la haine anti-israélienne dans les universités américaines.

Il ne faut pas se leurrer: si Trump prend avec la vérité des faits des libertés très condamnables, il n’est pas le seul. Ceux qui proclament qu’Israël commet un génocide, que le Hamas est un mouvement de résistance à l’oppression et que la Palestine va du fleuve à la mer en font bien pire, quelles que soient par ailleurs leurs prétentions académiques, culturelles, sociales ou humanitaires.




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est président d'honneur du CRIF.

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