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Châteaux de sable et trafic d’armes


Châteaux de sable et trafic d’armes
Benicio Del Toro interprète le rôle de Pablo Escobar dans "Paradise Lost" d'Andrea Di Stefano

Série d’été, épisode 2 : Nice, Baie des Anges


Il faut une ascèse particulière pour lire la Série Noire au mois de juillet, sur une plage de la Côte, quand le noir de la couverture est devenu aussi chaud et brillant que le soleil, au zénith de préférence, et vice-versa. C’est ce que nous imaginons de plus propice à la lecture d’Un démon au paradis, énième épisode des aventures du détective anglais Pierre-Ange Sawyer, créature de Marvin Albert, connu aussi sous le nom de… Peu importe. Car il faut une chaleur étouffante, un soleil carrément clinquant, pour apprécier cette histoire de dictateur latino-américain et du chef de ses mercenaires – et de sa fille, en mini robe, tabassée par une courtisane rousse en santiags en plein Festival de Cannes.

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Dans la maison hyper gardée du général Cabral en exil, il y a une piscine vide de marbre noir, des soldats paranoïaques un peu ridés avec un anneau d’or à l’oreille et une odeur de soufre et de poudre. On prépare un coup d’État, à ce qu’il parait.

« Un macho est un homme plus facile à manipuler »

Le détective, caricature extravagante, n’a évidemment pas beaucoup de morale : il ajoute des glaçons dans son verre de rosé. Mais il connait une quantité impressionnante de personnages sortis de sa besace de prestidigitateur, call-girls retirées ou en exercice, flics pourris, agents secrets, anciens du FBI, etc. Et tout ce monde se retrouve mêlé, comme par hasard, à une affaire rocambolesque qu’il serait trop fastidieux de vous résumer ici. Le lecteur perdrait en outre le plaisir de se vautrer dans trois cent pages d’une enquête sur les rails, au cours de laquelle une femme en maillot de bain échancré déclare qu’« un macho est un homme plus facile à manipuler ». Ce n’est pas sexiste, c’est vintage. Vintage comme s’appeler Sandrine Tally, Manon Jabot, Raymonde ou Marie-Laure tout en gardant au firmament son pouvoir d’attraction sur les hommes, qui se prénomment Johnny (« arrête ton char, Johnny ! » s’exclame avec panache le détective), Fritz, Gérard, Max-Robert ou Tacho.

Vintage, aussi, comme de rouler dans une voiture dépourvue de climatisation, avec les vitres ouvertes, en prenant soin de l’aérer après l’avoir garée au soleil, à défaut de place sous les arbres.

Trucs et astuces du bon détective

On apprend tout de même, comme dans tout bon roman avec détective, armes à feu et prise d’otages, quelques astuces pour éloigner les cambrioleurs, désarmer les gangsters, mettre des gens sur écoute téléphonique et s’enfiler des double whiskies en restant digne.

Et si, en refermant Un démon au paradis, on a sous les yeux les mêmes vagues bleu lagon de la Méditerranée et la silhouette vénusienne d’Arlette Alfani qui se balade sur le sable sans se brûler les pieds, on aura peut-être trouvé le moyen d’arrêter le temps pour toujours en été.

Marvin Albert, Un démon au paradis – Gallimard / Série Noire, 325 pages.

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étudie la sophistique de Protagoras à Heidegger. Elle a publié début 2015 un récit chez L'Editeur, Une Liaison dangereuse.

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