Déjà 51 numéros que l’équipe de cavistes dirigée par Elisabeth Lévy distille sa petite musique dissonante. Et l’actualité bouillonnante de cette rentrée n’est pas près de nous faire fléchir. Au fil de ses 64 pages virevoltantes, le nouveau Causeur magazine rebondit ainsi sur les pommes de discorde qui agitent la France « normale ». À commencer par l’affaire Richard Millet, dont l’Éloge littéraire d’Anders Breivik provoque indignation, ahurissement, consternation et autres appels à la fatwa. N’en déplaise aux ennemis de la complexité, notre rédactrice en chef refuse de choisir entre le respect dû aux victimes de la tuerie norvégienne, le refus de la provocation esthétisante et la liberté d’expression. Cette précision faite, Alain Finkielkraut et Renaud Camus reviennent sur la mécanique infernale du procès en sorcellerie ainsi que sur le fond de l’affaire, dans deux entretiens menés de main de maître par Cyril Bennasar et Jérôme Leroy.
Il est heureux que le mois de septembre ne se résume pas aux tempêtes médiatiques. Faut-il le rappeler, Causeur magazine n°51 s’intitule « Papa, papa, la bonne et moi » ! Cent jours et quelques après l’avènement du paradis égalitaire promis par François Hollande, nous avons choisi d’ausculter l’un des chevaux de bataille de la Normalie : la famille. Mariage et enfants pour tous, avait promis le candidat socialiste avant d’accéder à l’Elysée ; cela pourrait bien devenir l’un des rares engagements de campagne (vraiment) tenus d’ici quelques mois. L’occasion d’interroger l’un des pionniers du combat pour l’homoparentalité, étoile montante de la gauche du P.S, le député Jérôme Guedj, qui entend sortir du « système hypocrite et bancal » n’accordant le droit à l’adoption qu’aux homosexuels célibataires. De quoi faire bondir le pédopsychiatre Aldo Naouri, interrogé par Elisabeth Lévy et Gil Mihaely, ainsi que la philosophe Chantal Delsol, qui réhabilitent tous deux l’autorité parentale malmenée par le démocratisme ambiant. Une utopie démocratique et sociale, voilà qui encouragea justement le développement de quelques kibboutz israéliens refusant les diktats de la vie de famille : parents et enfants vivaient dans des pièces séparées, la communauté faisant le reste ! Gil Mihaely dresse le bilan de ce meilleur des mondes freudo-marxiste dans nos pages centrales.
Comme de bien entendu, Causeur magazine fait aussi honneur à son slogan : « surtout si vous n’êtes pas d’accord » en donnant la parole aux partisans du mariage et l’adoption à tous les étages. En bon libéral, Georges Kaplan réclame le strict respect des volontés individuelles et de la liberté de contracter avec qui bon vous semble. Moins attendu, Frédéric Rouvillois pointe les incohérences des positions de l’Eglise catholique : reconnaissant le mariage civil ici, refusant son extension logique là….
Au nom de l’« égalité réelle », le gouvernement fait donc du couple et de la famille une affaire politique. Ça tombe bien : le 6 septembre, est justement sortie aux éditions Bourin la traduction inédite d’un essai de Christopher Lasch consacré à la dissolution de la famille. Nous publions les bonnes feuilles exclusives de cet opus ironiquement intitulé Un refuge dans ce monde impitoyable et plus sobrement sous-titré La famille assiégée, que l’intellectuel américain Lasch écrivit dans les années 1970, lorsque le cocon familial subissait déjà les assauts des experts, du consumérisme et de la publicité. Assorti des réflexions toujours spirituelles de Bruno Maillé et Philippe Raynaud, le dossier Lasch constitue un apport théorique majeur à l’édifice de la famille moderne.
Mais nous avons plus d’un tour dans notre sac à malice. Jamais là où on l’attend, Cyril Bennasar nous confie sa nostalgie de la légendaire liberté de ton de France Inter, la radio publique ayant été mise sous cloche par les militants du conformisme intégral. Tandis que Jean-Luc Gréau prévoit un enterrement de première classe à l’euro, Luc Rosenzweig analyse l’un des feuilletons médiatiques de l’été : l’évacuation des camps roms. Malgré l’ulcération de quelques bonnes âmes indignées, il semblerait que la plupart des Français aient bel et bien « voté pour ça » au printemps. Et comme on ne lit jamais assez notre cheftaine Elisabeth Lévy, vous vous régalerez de son éditorial autour du film Superstar de Xavier Giannoli et du quart d’heure de célébrité que la société médiatique accorde à ses hérauts warholiens.
Enfin, vous reprendrez bien un peu de culture. Cinquante ans après la mort de Roger Nimier, Gérard Pussey et quelques un de nos mousquetaires remettent les Hussards à l’honneur. Sans oublier les chroniques de Roland Jaccard et François Taillandier, vous lirez le récit du retour mouvementé de Maurice G. Dantec en librairie, après des coups de fleuret éditoriaux comme seule la France des 646 livres de rentrée en produit : un voyage dans la quatrième dimension littéraire signé Jacques de Guillebon.
Naouri, Delsol, Guedj, Lasch, Raynaud, Finkielkraut, Camus : notre n°51, c’est eux et bien plus encore. Le tout en 64 pages dessinées pour le plaisir des yeux. Un sacré flacon pour votre ivresse de rentrée !
Achat au numéro : 6,50 € ; Offre Découverte : 12,90 € (ce numéro + les 2 suivants) ; Abonnement 1 an : à partir de 34,90 €
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