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Un cancre nommé Valls


Un cancre nommé Valls

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« Historiquement, c’est la gauche qui a inventé la Nation en 1789. » Cette petite phrase, prononcée devant un parterre de journalistes, n’a pas suscité l’ire de la droite lors de la visite du ministre de l’Intérieur sur les nouvelles terres mosellanes de Florian Phillippot. Cet ancien haut-fonctionnaire incarnant le virage républicain et gaulliste du FN, la « rediabolisation » médiatique du parti de Marine Le Pen voulue par la gauche passait par là. Sans doute Manuel Valls cherchait-il aussi à réaffirmer son positionnement à gauche mis à mal ces dernières semaines par Cécile Duflot et Christiane Taubira.

Seuls France Info et Le Monde y ont trouvé à redire. Peut-être parce que, face à la montée du Front National, Manuel Valls avait à cœur de reconquérir auprès des élites de gauche le concept de Nation. Lequel a été progressivement abandonné par celles-ci dans les années 80 au profit d’idéaux dits plus modernes, l’Europe fédérale et le multiculturalisme.

Cette volonté de renouer avec la nation n’est pas nouvelle au PS. Ségolène Royal en 2007 avait troublé son parti avec des thématiques très tricolores. Car la concurrence mémorielle n’est pas seulement historique. Elle est aussi symbolique et agite les communicants de la trempe de Manuel Valls. Elle a pour enjeu de conserver à gauche les grands mythes fondateurs de la III° République comme une chasse gardée.

La gauche républicaine, incarnée par Jules Michelet, Paul Bert et Jules Ferry, avait construit un grand roman national autour de l’école laïque. Jusqu’à ce que leur version de la Révolution soit magistralement battue en brèche par François Furet, en particulier à l’occasion de son bicentenaire. La Révolution française n’était pas « une table rase du passé » sur le modèle marxiste mais l’aboutissement d’un long processus de libéralisation et de centralisation politique. Aujourd’hui cette interprétation tocquevillienne de L’ancien régime et la révolution fait consensus.

À rebours de ce consensus, le sectarisme un peu vieux jeu de Manuel Valls, cherche à cliver et à rallumer la guerre idéologique droite/gauche de la fin du XIX° siècle. Il vise à écarter la « mauvaise » moitié des français de leur Histoire.
En rejetant la droite vers l’ancien régime et en s’accaparant 1789, Manuel Valls va contre de l’idée même de nation. Puisque la nation rassemble et que le sectarisme sépare.

Le 11 septembre 1789, les représentants de la nation se sont placés à droite et à gauche pour mieux distinguer les partisans du droit de véto accordé au Roi de ceux qui y étaient opposées: d’un côté les révolutionnaires intransigeants qui voulaient tout de suite la fin de la monarchie et de l’autre les conservateurs alliés aux réformateurs qui souhaitaient progressivement arriver à une monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique. Le camp placé à droite du président de l’Assemblée fut majoritaire et le droit de véto royal voté. Depuis lors, on parle de droite et de gauche. Doit-on dire pour autant que la Révolution et la nation étaient de droite en 1789 puis qu’elle a basculé à gauche en 1792 avec la dictature jacobine ? Ce serait tout aussi ridicule.
Droite et gauche sont deux filles de la Révolution comme elles sont filles de l’Ancien régime.

« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la Fête de la Fédération. » écrivait Marc Bloch dans L’étrange défaite.
L’école des Annales avait cet avantage de s’attacher aux faits, quoiqu’il en coûte. Manuel Valls a  certes choisi le roman national, mais celui qui divise.

*Photo : BEBERT BRUNO/SIP.  00662928_00004.



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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