Driss Ghali voit dans la reconduction probable d’Emmanuel Macron un suicide français. Il constate que les citoyens ont beau voir et redouter une bascule démographique et civilisationnelle, ils n’ont pas voté en conséquence. Pire, ils ont classé troisième Mélenchon, qui fait des scores impressionnants dans les banlieues islamisées: Bobigny: 60%, Trappes: 60%, Creil : 56%, Roubaix : 52% etc.
Les pères fondateurs de la démocratie n’ont pas prévu l’hypothèse du suicide du peuple. Ni Rousseau, ni Voltaire n’ont imaginé que le peuple allait voter pour sa dissolution ! Qui aurait pu croire qu’un corps social allait choisir la mort et tourner le dos à la vie, le plus démocratiquement du monde ? Pourtant, dimanche dernier, les Français ont voté pour la disparition, les yeux grands ouverts, le sourire aux lèvres et sans que personne ne les y oblige…
Souriez, vous êtes grand-remplacés !
Le vote a également été un référendum pour ou contre le « grand remplacement ». Et la pire des réponses possibles a gagné. Il ne s’est trouvé qu’un petit 30% pour dire non à la transformation du peuple historique en une minorité de plus (suffrages en faveur de Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan).
L’élection a également été un référendum pour ou contre la transformation de la France en une province de l’Union Européenne. Là aussi, il ne s’est pas trouvé grand monde pour dire non à cette proposition. Les Français veulent-ils résolument sortir de l’Histoire ? Acceptent-ils de devenir une sorte de Belgique dotée de l’arme nucléaire, ou une sorte de Suisse équipée du Charles De Gaulle ? C’est-à-dire une nation secondaire, dont la parole n’a aucune résonance au-delà de ses frontières. Un petit pays, encore prospère, mais insignifiant.
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C’est bien la première fois qu’un peuple se guillotinerait de son propre chef. La démocratie n’a pas été conçue pour cela.
Vertige
Il y a de quoi ressentir le vertige devant le sort que les Français ont choisi pour eux-mêmes, et leurs enfants surtout. Il y a tout juste soixante ans, ils avaient encore le second empire colonial au monde, leur langue était parlée au sein de toutes instances internationales et leurs intellectuels étaient un modèle à suivre. Que la chute est rapide !
Pourquoi une telle disgrâce ?
Je ne me l’explique pas. À peine puis-je décrire ce que mes yeux voient et ce que mes pores ressentent. Ce pays n’est pas aimé. Ni par son peuple de souche, ni par son peuple de branche. Quand on aime quelqu’un, on ne le tue point. Cruelle injustice. La France n’a pas mérité cela. Aucun pays au monde ne mérite une telle déréliction.
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Demain, ceux qui n’ont pas su défendre leur pays comme des hommes auront tout le loisir de le pleurer comme des femmes… Demain, nous serons tous des Catalans, étrangers au sein d’un ensemble qui nous écrase, obligés de négocier le droit de parler notre langue maternelle au quotidien. Demain, nous serons tous des Corses, une diaspora éparpillée qui se plaint sans cesse des rigueurs de l’exil.
Consolation
Une consolation subsiste cependant, comme une lueur au milieu d’un éboulement : quoi qu’il se passe, la France continuera à vivre dans nos cœurs, dans nos sensibilités et dans nos souvenirs. Macron pourrait raser le Château de Versailles, Schiappa transformer Marianne en un travesti, Mélenchon créoliser nos enfants de force, nous resterons fidèles à Montaigne, Henri IV et Lamartine. La France est aussi un esprit, et l’esprit est immortel.