Sans nos ex-gouvernants, on ne rirait plus en France…
On aura deviné, je l’espère, que je ne souhaite évidemment la mort de personne, même pas de quelques ministres présents ou récemment remerciés. Comment se passer, en effet, de leur ridicule, de leurs postures, de leur caquetage de basse-cour dorée, de leurs grands airs de « Monsieur (ou Madame) Je-sais-tout », de leurs pensées et convictions à peu près aussi vides que les caisses de l’État et que le seront nos poches dans un futur proche ? Comment se passer de ces gens qui au fond prêteraient à rire s’ils ne nous coûtaient aussi cher ? La chose n’est pas nouvelle. Déjà en son temps, Sébastien-Roch Nicolas, dit Chamfort – de si gratifiante lecture – s’en faisait l’écho : « Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France ». Rire jaune, le plus souvent. Très jaune même, ces temps-ci.
L’une des raisons pour lesquelles ces gens-là pourraient déclencher un soupçon d’hilarité est l’aptitude plutôt bizarre qu’ils ont de n’être compétents qu’une fois morts, je veux dire que lorsqu’ils ne sont plus aux affaires, aux manettes.
On dirait bien qu’il suffit d’éjecter un ministre de son confortable fauteuil pour que, soudain visité par la grâce, touché par la lumière de l’intelligence la plus créatrice, il sache très précisément ce qu’il convient de faire pour la prospérité du pays et le bonheur de ses populations. C’est fou ! À peine virés – dans le cas présent – pour résultats pis que calamiteux, voilà que, toute honte bue, avec une arrogance à se tordre de rire tellement elle donne dans le grotesque, ils courent les plateaux TV pour faire la leçon aux successeurs, leur expliquer en long, en large et en travers la bonne méthode, exposer les mesures de courage et d’impérieuse nécessité à prendre pour remédier aux maux qu’au prix de sept ans d’errements accumulés avec un zèle digne d’éloges ils ont eux-mêmes causés ou aggravés. Splendide ! On applaudit à tout rompre. Le courage politique seulement lorsqu’on n’est plus en position de l’exercer, voilà leur truc. C’est malin. Confortable et malin. À se tordre, non ?
Oscarisables dans cet exercice, nous avons comme tout premiers nominés MM. Attal et Darmanin, duettistes au culot à peu près aussi énorme que le déficit et la dette conjugués. L’un et l’autre ne craignent pas de présenter comme indispensables et vitales des mesures – temps de travail, fiscalité, etc. – qu’on n’avait jamais entendues de leur bouche du temps de leur gloire ministérielle. L’indécence, le mépris de l’intelligence « citoyenne » seraient nobelisables, nous aurions-là le duo finaliste. Duo converti en tiercé si l’on veut bien lui associer M. Hollande (La France devenue « pays bas » sous son règne. On aurait dû s’y attendre). M. Hollande, disais-je, dont tout le monde – à part lui-même apparemment – se souvient qu’il fut président de la République. Avec à la sortie le bilan éblouissant que nul n’ignore. Lui aussi, déchu, viré, auto-limogé pour résultats catastrophiques, aurait vu la lumière. Sans rire, voilà même qu’il revendique à présent le mérite, la gloire immense d’avoir sauvé la Grèce de sa disparition pure et simple dans les poubelles de l’économie mondialisée. Je suis bien certain que, entendant cela, Jupiter, l’autre le vrai, le grand, celui des Grecs anciens, se roule par terre de rire.
Puisque ces jours-ci tout le monde y va de son conseil pour aider à la guérison du malade France, pourquoi m’en priverais-je ? Je préconise que soit inscrit dans la Constitution – oui, dans le marbre de la Constitution – l’obligation faite à tout ministre ou président débarqué, premièrement de la boucler pendant deux ou trois ans. Deuxièmement, de se rendre enfin utile au pays, utile pour de bon. En pompiers volontaires pour Attal et Darmanin, ils sont en âge. En clown-visiteur en EHPAD pour Hollande. Lui aussi est en âge, et il semblerait qu’il ait un certain talent pour faire rigoler l’entourage. Ce serait déjà cela.
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