Ukraine : salade russe ou omelette ukrainienne?


Ces derniers jours, les centres-villes de l’est ukrainien ont pris des allures de place Maïdan à front renversé. De Lougansk à Donetsk, des centaines d’ukrainiens russophones et/ou russophiles font le pied de grue pour contester le pouvoir de Kiev, si étroitement jacobin qu’il ne tolère rien d’autre que sa langue, sa part de l’histoire et de la mémoire nationale. D’aucuns dénoncent la mise en scène de manifestations organisées en sous-main par le Kremlin, avec l’aide de miliciens russes maquillés en ukrainiens pour réclamer le rattachement de ces miettes russophones à la grande Russie. Échaudés par l’autodétermination de la Crimée, les nouveaux maîtres de l’Ukraine se laisseront d’autant moins faire que les russes ethniques ou linguistiques sont éparpillés aux quatre coins de la région.

Ironie de l’histoire immédiate, dans la bouche des partisans de la révolution ukrainienne, on entend presque mot pour mot l’argumentaire un brin complotiste de leurs adversaires qui voyaient la main de l’OTAN, de Bruxelles ou des services géorgiens derrière les snipers qui dégommaient les insurgés de la place Maïdan. L’œil vissé derrière écran et clavier d’ordinateur parisiens, nous nous garderons bien de prendre parti en faveur de l’une ou l’autre thèse – qui d’ailleurs ne s’excluent pas mutuellement, comme ces slaves sont compliqués ! Il n’est néanmoins pas dit que Moscou rêve d’annexer l’Est ukrainien, une fois sa base de Sébastopol sécurisée, son intérêt à la déstabilisation de sa marge occidentale…

Manips ou pas, les cortèges pro-russes déployés dans le pays subissent en tout cas la répression du parti-milice Secteur Droit, officiellement voué à la dissolution depuis le meurtre de son chef Oleksandr Muzychko dit Bily, néo-fasciste tradi à la gachette facile,  exécuté le 24 mars, vraisemblablement sur ordre du ministre de l’Intérieur issu du parti néo-nazi Svoboda… Vous suivez ? Tout cela fleure bon la nuit des longues kalachs entre les deux têtes de l’extrême droite ukrainienne, qui occupe toujours un bon tiers des maroquins ministériels. La pression montant, les ministres nationalistes tâchent de conserver le respect de de la communauté internationale. Mince, des nostalgiques de la Division SS-Galicie se muant en ministres bon teint, encore une opération sous faux drapeau ?!



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