Accueil Brèves Ukraine : Pour Chevènement, tout n’est pas jaune-bleu

Ukraine : Pour Chevènement, tout n’est pas jaune-bleu


Hier encore, Jean-Pierre Chevènement s’exprimait sur Public Sénat au sujet de la crise ukrainienne. Comme d’ordinaire, le sénateur de Belfort a su prendre du champ pour éviter la politique de l’émotion, qui tient lieu de vademecum idéologique à nos gouvernants.

Ni antirusse primaire ni russolâtre enamouré, Chevènement sait se garder de toute vision idéologique des rapports internationaux, y compris lorsque l’Europe de l’Est redonne des envies de Pershing à bien des politiques. Verbatim choisi de son intervention télévisée d’hier : « L’Ukraine est un pays hétérogène, divisé entre catholiques uniates à l’ouest, orthodoxes russophones à l’est. Il faut agir avec précaution si nous ne voulons pas rallumer la Guerre Froide en Europe ». Un rappel d’autant plus salutaire qu’on a peu entendu nos gouvernements protester contre les programmes d’ukrainisation à marche forcée qu’avait imposés l’ancien président Ioutchenko aux populations russophones du pays. Par retour de bâtons, à l’issue de la dernière élection présidentielle, ses ingrats de compatriotes gratifièrent ce champion de la démocratie occidentale d’un score ridicule pour un sortant (5.5%).

Comme une vérité ne vient jamais seule, notre ex-ministre de la Défense poursuit : « L’opposition est radicalisée. Il y a des éléments extrémistes, armés, qui confectionnent aux yeux de tous des cocktails Molotov » avant de moquer le manichéisme ambiant : « Il est très facile de parler de sanctions. Elles seraient ciblées et viseraient les responsables des violences, c’est à dire aussi bien du côté gouvernemental que de celui de l’opposition. Encore une fois, tout n’est pas « blanc-bleu ». Et le Che d’en appeler à la démocratie ukrainienne, certes corrompue et balbutiante, mais infiniment plus solide que les potentats du Golfe avec lesquels nous frayons complaisamment.

Sa conclusion, un brin bravache (« On devrait avoir une association de l’Ukraine, de la Russie, et de l’UE ») confirme notre sentiment : Chevènement est peut-être le dernier grand européen. Avis à la concurrence !



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est journaliste.

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