L’Union des Démocrates et Musulmans français (UDMF), qui présente une liste aux européennes, se défend d’être un parti communautariste et se compare au Parti chrétien-démocrate (PCD). Tout dans son programme indique pourtant qu’il ne défend que les musulmans, contrairement au PCD, qui ne défend pas que les chrétiens. Une tribune de son président Jean-Frédéric Poisson.
Il est habituel de placer sur le même plan l’islam et le christianisme lorsqu’on évoque les questions politiques. Comme si ces deux doctrines entretenaient le même rapport à l’action publique et à la cité. Ce n’est évidemment pas le cas.
Sur le site de l’Union des Démocrates et Musulmans français (UDMF), Nagib Azergui, qui en est le fondateur, compare son parti au Parti chrétien-démocrate (PCD) et à l’Union chrétienne démocrate allemande (CDU). Il prétend que, de même que ces partis défendent les intérêts des chrétiens, ce qui est faux, il serait légitime que les musulmans soient représentés par une formation politique dédiée.
Seulement, cette comparaison n’a pas lieu d’être. Si Nagib Azergui se défend d’avoir fondé un parti communautaire, tout indique dans son programme et ses prises de position que tel est bien l’objet de l’UDMF. Interrogé à ce propos par Le Parisien du 10 mai dernier, il répond : « Oui, on est de confession musulmane, mais on est des citoyens à part entière, et pas des citoyens à part. » Certes, on ne reproche pas aux membres de ce parti de s’impliquer dans la vie politique française, mais de le faire pour défendre un particularisme communautaire. Or, la lecture du programme de l’UDMF ne laisse aucun doute sur cette ambition : faire de la France le leader mondial de la production hallal, combattre l’islamophobie sur le sol européen, dissoudre toute association islamophobe, faire émerger une force militaire européenne en mesure de venir en aide aux musulmans gazaouis, yéménites, ouïghours ou rohingyas…
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De fait, l’esprit communautariste des revendications de l’Union des Démocrates et Musulmans Français n’a rien de commun avec le projet défendu par le Parti chrétien-démocrate. Au contraire, fidèle à la longue tradition européenne de la démocratie chrétienne, le PCD ne représente pas l’intérêt des chrétiens mais défend, au bénéfice de tous, une certaine idée de la dignité humaine inspirée de la pensée chrétienne. C’est à cela que renvoie la mention de « chrétien » dans le nom du parti et non à la vaine prétention de porter la voix d’une communauté de croyants. C’est ainsi que la conception de l’homme et de sa place dans la société est, dans le projet du PCD, universaliste et ne favorise aucune communauté particulière.
À titre d’exemple, et puisqu’il s’agit d’un sujet qui pourrait prêter à confusion, je veux préciser les raisons qui nous poussent à défendre dans le débat politique la reconnaissance des racines chrétiennes de la France et leurs apports à notre civilisation. Il ne s’agit en aucune manière de donner des gages à un segment de l’électorat attaché à tel héritage ou tel mode de vie. Au contraire, nous considérons que, à un moment où notre mode de vie est si fortement remis en cause tant par le communautarisme que par l’extension de la sphère marchande à l’ensemble des aspects de notre vie, il est nécessaire de rappeler la culture de référence qui lie notre corps social. Ce n’est pas là une question de foi mais de cadre culturel commun. C’est dans l’universalisme chrétien que la devise républicaine plonge ses racines. Si nous renonçons à assumer cet héritage, si nous prétendons être ce que nous ne sommes pas, nous perdrons de manière certaine notre cohésion nationale et le respect de nos interlocuteurs étrangers.
Voilà pourquoi la comparaison de l’Union des Démocrates et Musulmans français et du Parti chrétien-démocrate ne tient pas une seconde. En effet, ils se battent pour les musulmans, et c’est leur droit. Nous, nous nous battons pour la France, et c’est notre devoir.
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