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Ubu à l’ONU

Iran, Israël, l'ONU et le désarmement nucléaire.


Ubu à l’ONU
Siège de l'ONU à New York, le 16/08/2021 / PHOTO: Sergi Reboredo / VWPics/SIPA / 01053701_000063

Faire détruire son présumé arsenal nucléaire par Israël est une priorité de l’ONU, avant que l’Iran ait rendu sa bombe opérationnelle : les mollahs ont promis qu’ils la lanceraient aussitôt sur l’État juif. Si jamais ils ne réussissent pas à le détruire du premier coup, les représailles risquent d’entraîner un conflit mondial.


Oyez, oyez, Terriens, dormez bien, l’AIEA veille !

Le 28 octobre 2022, l’ONU a diffusé un communiqué de presse informant le bon peuple que sa Première Commission (Désarmement et sécurité internationale) avait « approuvé 19 projets de résolution et un projet de décision sur les armes nucléaires, dont un projet de résolution intitulé « Désarmement nucléaire », qui a suscité un long débat ».

Au sujet de ce débat, quelques déclarations officielles iraniennes sont à prendre en considération :

En 2005, le président Mahmoud Ahmadinejad : « Comme l’a dit l’imam Khomeiny, Israël doit être rayé de la carte ».

En 2019, le général Mohammad Reza Naqdi, officier supérieur des Gardiens de la révolution, sur la chaîne irakienne Al-Nujaba : « la révolution islamique en Iran n’abandonnera pas l’objectif d’effacer l’État juif ».

En 2020, l’imam Khamenei, guide suprême et leader officieux de la République islamique d’Iran : « Le virus du sionisme ne tardera pas à disparaître et sera anéanti ».

A-t-on les médias qu’on mérite ?

Plutôt que d’aligner les arguments de l’Iran et d’Israël, concernés par ces résolutions, voyons de quelle façon leurs presses respectives ont rendu compte de l’information.

Le 1er novembre 2022, le Tehran Times, dont on ne peut mettre en doute les reportages, puisque sa devise est « La pure vérité » (Straight Truth en V.O.), explicitait le communiqué de l’ONU : « L’Assemblée générale des Nations Unies a voté dimanche par 152 voix contre 5 en faveur d’une résolution qui exige qu’Israël détruise tout son arsenal d’armes nucléaires et permette aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de visiter ses installations nucléaires. Le vote a été effectué par la Première Commission de l’ONU, qui traite du désarmement, des défis mondiaux et des menaces à la paix qui affectent la communauté internationale et cherche des solutions aux défis de la sécurité internationale ».

Le Tehran Times ne précise pas qui préside cette Commission, mais peut-être n’est-ce pas inutile pour les lecteurs français, qui ne sont pas tous sensibles à l’humour onusien. Il s’agit de la Corée du nord, parangon bien connu de la paix dans le monde. La Résolution avait été initiée par Myanmar, née Birmanie, dont la junte au pouvoir partage le pragmatisme iranien et les idéaux nord-coréens, sans bénéficier des mêmes moyens militaires.      

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Communication impopulaire d’un organe populiste

L’Iran s’y connaît en dangers mortels. Son représentant à la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations unies, Heidar Ali Balouji, est champion du monde des pince-sans-rire. Il a critiqué Israël pour ses armes de destruction massive et ses énormes dépenses militaires conventionnelles. D’après lui, Israël utilise les Territoires palestiniens mitoyens (Cisjordanie à l’est, Gaza à l’ouest) comme décharge pour ses déchets nucléaires. Il ne trouve rien d’anormal à ce que les Israéliens soient immunisés contre les cancers innombrables que ces déchets provoquent, d’après lui, chez les Palestiniens. Pourtant, seules des barrières électroniques séparent les trois populations.

Son challenger, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré : « La politique de deux poids, deux mesures est très claire. Lorsqu’il s’agit de mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires, Israël est exempté de toute responsabilité. En tant que signataire du TNP [Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires], l’Iran a un programme pacifique à des fins énergétiques et médicales, et pourtant il est soumis au programme d’inspection le plus strict de l’histoire de l’AIEA ».

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Côté israélien, la presse est moins inventive 

Les habitants du « petit Satan » peuvent lire dans leurs journaux que « L’Iran, membre du TNP, a ouvertement déclaré qu’il enrichissait de l’uranium jusqu’à une pureté proche de celle d’une arme et, selon l’AIEA, la République islamique a commencé à produire de l’uranium métal l’année dernière, bien que cela n’ait aucun but civil. Ce point n’a pas été mentionné dans la résolution ».

Se limitant aux faits, les journalistes hébreux rappellent que l’ambiguïté délibérée sur le statut nucléaire de leur État n’empêche pas « des estimations étrangères » d’évaluer son stock « entre 80 et 400 têtes nucléaires ».

En revanche, l’État juif a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’il « ne serait jamais le premier à introduire de telles armes dans la région ».

Si c’est écrit dans le journal, c’est sûrement vrai

Le problème, c’est que dans nos journaux, ce n’est pas écrit ! En dehors des communiqués de presse de l’ONU, un seul média francophone, Irna[1], a titré sur le sujet : « Armes nucléaires : 152 pays ont voté contre le régime sioniste ».

Téhéran est fervent de la pensée positive, ou alors il prend ses désirs pour des réalité, car sur le site de son agence de presse, « Israël » a déjà été effacé. Mais comme il faut quand même attribuer les malheurs du monde à un responsable, d’innombrables articles sont consacrés à un « régime sioniste » non identifié. Je suis mèreplexe

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[1] Pas Irma-la-douce, mais l’AFP iranienne, en VF.




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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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