Uber nuit à l’économie et n’est même pas fichu de gagner de l’argent!
Tout le monde connaît Uber, le groupe qui met en contact clients et chauffeurs grâce à une application mobile. L’idée est révolutionnaire: faire en sorte qu’offre et demande se rencontrent sans intermédiaires. Vous avez une voiture et un smartphone? Vous pouvez faire le taxi pour quelqu’un qui a besoin d’être transporté d’un point A à un point B. L’idée simple que le smartphone peut connecter offre et demande en court-circuitant les intermédiaires traditionnels a donné naissance en quelques années à une énorme activité économique planétaire dans des secteurs aussi variés que le nettoyage, le développement de logiciels, les courses ménagères et la location d’hébergements.
Un modèle économique non rentable
Mais malgré cette belle réussite, Uber perd de l’argent, beaucoup d’argent. Si bien qu’un journaliste du trimestriel American Affairs a récemment écrit : « Uber n’a ni réduit le coût ni amélioré la productivité des taxis. En revanche, l’entreprise a découvert une stratégie innovatrice et perturbatrice qui a permis à un petit groupe d’investisseurs de créer à partir de rien près de 100 milliards de dollars en valeur d’entreprise. »
A lire aussi: Code informatique, algorithmes des GAFA: désamorcer la machine infernale
Faute de bénéfice, Uber pourrait faire progresser son chiffre d’affaires. Là encore, la déception est au rendez-vous depuis fin 2018. Quant aux « employés » d’Uber, ils ont l’impression d’avoir mangé leur pain blanc. D’un point de vue juridique, comment qualifier ces travailleurs indépendants qui utilisent leurs propres outils de travail (voiture, appartement, vélo, téléphone) ? Leur activité s’effectue grâce à un smartphone et une connexion Internet, sans bureau ni système hiérarchique clair. On comprend aisément pourquoi : une entreprise a tout intérêt à employer des entrepreneurs indépendants dont elle ne paie pas le salaire fixe, les charges sociales, l’assurance contre les accidents du travail, la couverture santé, les heures supplémentaires ou l’équipement. Si elles devaient assumer ces coûts, la plupart des sociétés ubérisées disparaîtraient rapidement.
Le cauchemar de l’uberisation
D’anciens chauffeurs poursuivent justement Uber en se plaignant d’avoir été considérés à tort comme des entrepreneurs indépendants alors que leur activité en faisait des employés.
Aux dernières nouvelles, l’ubérisation de l’économie n’a pas fait diminuer le coût d’une journée à l’hôpital ni trouvé de solution miracle pour financer les retraites. Uber accomplit un autre prodige : faire payer ses charges sociales par les entreprises conventionnelles et les contribuables !
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !