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Toulouse : Dominique Reynié a identifié les coupables


Jusqu’à présent, Dominique Reynié, professeur à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l’Innovation Politique (le think tank de l’UMP) et penseur emblématique du social-libéralisme européiste, de la révolution multiculturelle et de la mondialisation heureuse réunies m’inspirait surtout de l’amusement. L’homme nous distrayait d’ailleurs souvent : depuis 2005, c’est un habitué des émissions politiques et des chaines d’infos où il dénonce inlassablement les classes dangereuses et les partis qui flattent leurs instincts les plus vils. La télé étant bonne fille, jamais elle ne lui a chipoté son statut d’expert, voire d’oracle, quand bien même aucune de ses prédictions apocalyptiques en cas de victoire du non au référendum sur le TCE ne s’est concrétisée. Je suis expert, voyez mes ailes.

Depuis hier soir, mes ricanements qui accueillent chacune des interventions pontifiantes du Professeur Reynié se sont teintés d’un léger dégoût et d’une furieuse envie de casser ma télé.

Car alors que toute la classe politique (à l’exception peu glorieuse de François Bayrou) s’est à juste titre repliée dans un silence à la hauteur du deuil que vit la France, Dominique Reynié,lui, parle, et partout. Et pourquoi parle-t-il partout ? Eh bien parce que contrairement aux centaines de policiers dépêchés sur place par Claude Guéant, Dominique Reynié n’a pas besoin d’enquêter pour retrouver le tueur : il connaît le coupable des ces trois séries de crimes horribles.

Le coupable pardi c’est le populisme, auquel il vient justement de consacrer un ouvrage très documenté, mais qui se lit sans difficulté, Populismes: la pente fatale, broché, 280 p, en vente partout pour 19, 50 € seulement.

« Le ton de la campagne ne pourra pas être le même », décrète notre expert au micro de l’Agence Reuters (il tiendra ensuite le même discours quasiment mot pout mot chez Yves Calvi sur France 5) « La campagne a été dominée par un ton extrêmement agressif et une rhétorique populiste très présente. Cette rhétorique va devoir cesser. Il va y avoir une demande d’apaisement. »

Vous n’avez pas bien compris où le prof voulait en venir ? Ah, c’est sans doute que vous n’avez pas encore acheté son excellent livre Populismes: la pente fatale, broché, 280 p, en vente partout pour 19,50 € seulement. Pas chien, l’auteur vous met gracieusement les points sur les i : « On est dans une pathologie meurtrière liée à des fantasmes sur l’immigration et sur l’antisémitisme, qui sont alimentés un peu par tout le monde ». Mais dites-nous, cher professeur, c’est qui très exactement « tout ce monde » ? La réponse de Reynié est presque claire : »Entre les grandes controverses sur le multiculturalisme, les sorties délirantes sur le pouvoir de la finance ou l’ennemi sans visage ou ‘je suis le bruit, la fureur et le fracas’, je renvoie tout le monde dos-à-dos ». En clair, si vraiment vous êtes bouché et/ou extrémiste : pour Reynié, qui fait du Coluche, tous sont également coupables, mais Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont nettement plus coupables que les autres.

Si c’est vrai, qu’attend-on pour emprisonner ces deux-là pour complicité de d’assassinat? Qu’attend-on aussi pour ramener à la raison le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, qui a déclaré, très très énervé, à l’issue d’une réunion des représentants des communautés juive et musulmane autour de Nicolas Sarkozy à l’Elysée : « Il n’y a absolument rien à voir entre le climat, que l’on peut considérer comme délétère si l’on veut, et la monstruosité d’un tel acte, il n’y a aucune comparaison à faire (…) L’homme qui a tiré une gosse par les cheveux pour lui loger une balle dans la tête ne l’a pas fait parce qu’il a entendu telle ou telle remarque au sujet de l’abattage rituel. Il faut arrêter de faire la liaison entre les deux événements »

Si Dominique Reynié est un expert, alors on doit en déduire que Richard Prasquier est un ignorant qui raconte n’importe quoi. Ah si seulement il avait, avant de parler, lu Populismes: la pente fatale, broché, 280 p, en vente partout pour 19, 50 € seulement.



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