Tuer les terroristes?


Tuer les terroristes?
Un Rafale décollant du pont du Charles de Gaulle (Photo : SIPA.AP21826408_000003)
Un Rafale décollant du pont du Charles de Gaulle (Photo : SIPA.AP21826408_000003)

Ils nous font la guerre. Ils nous tuent parce que nous ne leur ressemblons pas. Peut-être parce que nos filles ne sont pas voilées. Peut-être parce que nos églises et nos cathédrales font de l’ombre aux mosquées. Peut-être parce que nous ne pratiquons pas la vraie foi. En tout cas, ces raisons doivent être excellentes puisque des milliers de « jeunes » les adoptent et y adhèrent.

Nous, on ne leur fait pas la guerre. Et on ne les tue pas. Nous aimons ceux qui ne nous ressemblent pas. Nous avons de la tendresse et de la compréhension pour une religion garantie meilleure que les autres, car elle vient d’ailleurs. Nous n’allons pas (pas encore ?) jusqu’à tendre l’autre joue, mais qu’on ne compte pas sur nous pour verser le sang. Non, nous ne faisons pas la guerre. La guerre, c’est vilain, c’est pas beau, ça fait des morts. Et ça empêche d’aller boire une bière tranquille dans un des cafés du XIe arrondissement qui ont rouvert – un acte de résistance ? – après les tueries de novembre.

Comme nous ne faisons pas la guerre, nous sommes assurés de la perdre. Le scénario de Soumission n’est sans doute pas inéluctable. Mais il devient de plus en plus vraisemblable. A qui la faute ? Aux gouvernements européens et aux pleureurs et pleureuses du « politiquement correct » qui ne veulent pour rien au monde qu’on stigmatise la religion des « classes populaires ». Or, il faut tuer ! Non pas « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Mais quelques-uns : ceux que nous avons identifiés comme étant des assassins. Tuer comme les Américains l’ont fait avec Ben Laden. Comme ils le font avec des bourreaux de Daech pulvérisés par leurs drones.

Tuer ceux qui nous tuent. Comme l’ont fait, et continuent à le faire, les Israéliens. Il fallut des années et des années aux services secrets de ce pays pour châtier les terroristes palestiniens qui avaient assassiné les athlètes israéliens aux Jeux olympiques de 1972. Des dizaines d’agents furent mobilisés pour cette opération baptisée « Colère de Dieu ». Ils risquèrent leur vie pour abattre un à un les assassins de Munich. A l’annonce de chaque mort d’un des terroristes, le communiqué était toujours le même : « Le Mossad, interrogé sur son implication dans cette affaire, se refuse à tout commentaire. » Et tout Israël, qui savait à quoi s’en tenir, chavirait de bonheur.

Un appel à la vengeance ? Non, simplement un châtiment

Autre exemple, plus récent. Dans les années 1980, un commando venu du Liban capturait deux Israéliens : le père et sa fille, âgée de 4 ans. Assaut fut donné : le dernier terroriste vivant, Samir Kuntar, tua le père et fracassa la tête de la fillette contre un rocher. Une houle de dégoût balaya Israël. Kuntar fut condamné à la perpétuité. Puis, dans le cadre d’un échange avec le Hezbollah, le personnage le plus haï d’Israël fut libéré. La population israélienne écœurée hurla.

Mais c’était le prix à payer pour récupérer les corps de deux soldats israéliens tués par le Hezbollah. Au Liban, Kuntar fut accueilli comme un héros national. Et là aussi, comme pour Munich, des dizaines d’agents secrets israéliens furent mobilisés pour laver cette infamie. Ils risquèrent la mort au Liban et en Syrie pour localiser Kuntar. On le trouva. Et en décembre dernier, une roquette tirée par un avion israélien pulvérisa une maison de la banlieue de Damas avec Kuntar à l’intérieur. Justice était faite.

Il ne s’agit pas ici d’un appel au meurtre ni même d’un appel à la vengeance. Le crime appelle simplement le châtiment. « A quoi sert le châtiment ? », diront ceux qui psalmodient « pas d’engrenage de la violence » et qui, évidemment, acceptent la violence mais d’un seul côté. Le châtiment sert à montrer à une population tétanisée par l’angoisse, par la peur, qu’on vit parce qu’on garde la tête haute, parce qu’on tue ceux qui nous tuent.

Nous savons où se trouvent les assassins ou ceux qui aspirent à le devenir. Ils sont parmi nous. Il faut aller les chercher un par un en se servant du « fichier S » et les mettre préventivement sous surveillance. Quant à ceux qui sont déjà loin, en Syrie et en Irak, oui, il faut les châtier. Nous avons des services spéciaux, nous avons des avions… Mais la présomption d’innocence ? Il n’y en a pas pour un fanatique qui est allé chercher chez Daech un permis d’égorger et de violer. Il est totalement présumé coupable…



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est journaliste et essayiste

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