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Trump et le protectionnisme: mettre fin à la passivité européenne

Une tribune libre de Pierre Pimpie, député français au Parlement européen


Trump et le protectionnisme: mettre fin à la passivité européenne
Le président américain dans Air Force One, 9 février 2025 © Ben Curtis/AP/SIPA

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche rebat les cartes de l’économie mondiale. Si l’on peut saluer son patriotisme, il ne faut pas oublier qu’il incarne un protectionnisme assumé et une approche purement transactionnelle des relations internationales. Son unique boussole : l’intérêt américain, quitte à fragiliser ses partenaires. Face à cette nouvelle donne, l’Europe et la France ne peuvent plus se permettre l’attentisme : il est temps d’anticiper, de s’adapter et de défendre nos intérêts avec la même détermination.

Dès son retour, Donald Trump a signé un décret réaffirmant sa politique commerciale « America First ». Révision des accords, enquêtes sur les déficits commerciaux et potentiels tarifs douaniers globaux : rien n’est exclu pour contraindre les partenaires internationaux à plier. Pour l’Europe, le message est clair : les négociations avec les États-Unis ne seront possibles qu’au prix de concessions importantes. Les lois antidumping et les droits compensateurs, visant à protéger les industries américaines contre des produits importés jugés déloyalement compétitifs, pourraient également être durcis. Ces outils permettent aux États-Unis d’imposer des barrières protectionnistes draconiennes, frappant de plein fouet des secteurs européens déjà affaiblis, comme l’acier et l’aluminium.

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Les implications du protectionnisme américain vont bien au-delà des tarifs douaniers. L’Inflation Reduction Act (IRA), adopté sous l’administration Biden mais qui pourrait être pleinement exploité sous Trump, illustre parfaitement les risques économiques pour l’Europe. Ce texte, grâce à ses subventions et incitations fiscales massives, draine les investissements étrangers vers les États-Unis à un rythme alarmant. En Allemagne, 10 % des entreprises envisagent de relocaliser leur production outre-Atlantique, un chiffre qui grimpe à 23 % dans l’automobile. En France, l’agroalimentaire, le luxe ou l’automobile pourraient subir des pertes irrémédiables en compétitivité. Ces départs massifs dévastent notre tissu industriel et renforcent notre soumission économique. Face à cette situation, l’Europe ne peut ni se diviser, ni rester dans l’inaction.

La réindustrialisation doit devenir une priorité absolue. Sans industrie forte, souveraineté et compétitivité ne peuvent être garanties. Il ne s’agit pas simplement de rapatrier des usines : c’est toute une chaîne de valeur stratégique qu’il faut reconstruire, en mettant l’accent sur les secteurs essentiels tels que l’énergie, l’automobile et l’électronique.

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L’Europe et la France ne peuvent plus se permettre des demi-mesures. Diversifier nos partenaires commerciaux est indispensable pour sortir de notre dépendance excessive. Si Trump impose ses règles, notre réponse doit être ferme et stratégique : multiplier les alliances commerciales qui servent nos intérêts et ne plus céder à des pressions déséquilibrées. L’échec du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) en 2016 illustre les limites d’une Europe qui négocie en position de faiblesse et de manière désunie : si l’administration Trump impose des droits de douane aux médicaments et au luxe français mais épargne les machines-outils et l’automobile outre-Rhin, les Allemands auront-il le désir de riposter aux côtés de la France ?

Enfin, il est impératif de donner à nos entreprises les moyens de riposter. Des outils fiscaux agressifs doivent être mis en œuvre : exonérations totales pour les secteurs stratégiques, investissements massifs dans la recherche et l’innovation, et un soutien sans faille à nos PME. Plutôt que de pénaliser, libérons : c’est en levant les entraves et en créant un environnement propice à la croissance que nous restaurerons notre compétitivité. Nous ne manquons pas d’argent mais de stratégie. Arrêtons par exemple de subventionner les lubies de la transition énergétique et relançons en contrepartie Astrid pour garantir une électricité à bas cout à nos entreprises

C’est un choix simple : soit nous nous relevons, soit nous nous laissons écraser. Fort ou mort.


Les Horaces sont un cercle de hauts fonctionnaires, hommes politiques, universitaires, entrepreneurs et intellectuels apportant leur expertise à Marine Le Pen, fondé et présidé par André Rougé, député français au Parlement européen


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Député français Rassemblement national au Parlement européen, ancien élève de l’ENA.

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