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Trump doit-il et peut-il gagner?

L'avis d'Henri Temple


Trump doit-il et peut-il gagner?
© Jacquelyn Martin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22491985_000061

En tant que Français, doit-on être plutôt Trump ou plutôt Biden? L’avis d’Henri Temple


À moins de huit semaines de l’élection présidentielle américaine, que peuvent attendre les Français d’un succès (ou d’un échec) de Donald Trump dans son pari d’être reconduit pour quatre ans à la Maison Blanche ?

Dans l’élection américaine à venir, par-delà l’image agitée, et même antipathique, que ce président atypique ne peut ou ne veut s’empêcher de donner de lui, quels sont les enjeux pour les Français ?

Trump, Biden et la France

Il faut faire abstraction de l’incroyable cirque politique américain, et des tensions extrêmes qui se font jour dans ce pays à propos de ses propres valeurs morales et culturelles (notamment dans le halo universitaire). Et se concentrer sur les objectifs de politique internationale respectifs de Trump et Biden, du moins ceux qui peuvent influer sur notre propre destin. C’est assez facile au demeurant, car Biden veut revenir aux axes traditionnels de la politique américaine : libre finance, libre commerce, impôts élevés, libre circulation des personnes (immigration), interventions militaires à l’étranger, maintien de l’OTAN, défiance vis-à-vis de la Russie, plus grande tolérance et partenariat économique vis-à-vis de la Chine. Bref, ce qui est plutôt négatif pour les Français, et alimente même chez nous un certain antiaméricanisme depuis plus de 50 ans.

Trump, lui, propose de se mettre à dos ce qu’il appelle le deep state washingtonien, ses obligés les médias mainstream, et les pseudos intellos-gauchistes et agressifs des campus, manipulés par certains financiers. Trump veut sortir du multilatéralisme qui l’oblige à faire ce qu’il ne veut pas. Quitte à menacer l’Otan et l’OMC dans leur existence ! Trump veut se rapprocher de la Russie et s’opposer à la Chine. Bruxelles, et souvent Berlin (Paris suivant les mots d’ordre) veulent l’inverse. Trump veut réindustrialiser son pays, cesser de gaspiller de l’argent et de l’énergie dans la défense de ses alliés historiques, et concentrer son budget défense sur la recherche militaire face à la Chine.

Les médias ne veulent pas croire à un deuxième coup de théâtre

Trump peut-il encore gagner l’élection du 3 novembre ? Vu depuis les rédactions parisiennes systématiquement anti-Trump – qui s’étaient trompées en 2016 – cela semblerait inaccessible en raison d’un écart de voix stable, estimé à sept à huit points avec Biden. Mais c’est oublier que Trump avait gagné en 2016 face à Hillary Clinton malgré un écart négatif de votes (certes plus faible). D’autres facteurs propres à ce nouveau scrutin peuvent encore conduire au même coup de théâtre :

1 – D’abord Biden est âgé et porte mal son âge : il aura 78 ans quelques jours après le vote. Les débats (il y en aura deux ou trois) pourraient le mettre en difficulté face à un Trump qui affectionne cet exercice. De quoi rééquilibrer les intentions de vote ?

2 – Vu l’âge du candidat, on scrute l’éventuelle vice-présidente, Kamala Harris, qui pourrait succéder à Biden comme présidente. Or elle n’est pas très populaire.

3 – Ensuite (et même s’il a mal géré le Covid) le bilan économique et sociologique (immigration) de Trump aurait été bon… sans la pandémie. Et il promet de s’attaquer plus énergiquement au fléau de l’insécurité.

4 – Les commentateurs français regardent peut-être trop les écarts des intentions de vote (jusqu’à huit points donc), et pas assez la situation dans six états qui peuvent faire la différence : les fameux swing states. Car ce sont les grands électeurs de ces états et non le nombre des bulletins qui décideront de qui sera le futur président. Or dans ces 6 états clés l’avantage de Biden est plus fragile (sondage CNPC 07/09/20), même s’il demeure en tête partout. Arizona : 49/45 (mais indécis 6%) ; Floride : 49/46 (mais indécis 4 %) ; Michigan : 49/43 (indécis 7%) ; Caroline du Nord : 49/47 (indécis 4%) ; Pennsylvanie : 50/46 (indécis 4%) ; Wisconsin : 50/44 (indécis 6%). Les indécis sont parfois aussi des gens qui pensent Trump mais n’osent pas le dire, eu égard à l’immense propagande de la pensée unique.

Alors entre la grippe et le choléra… qui ? Une chose est certaine : pour les Français, si Trump est réélu, il continuera à pousser dans la même direction. Celle que jusqu’à 2/3 de nos concitoyens souhaitent pour eux mais que leurs gouvernements successifs leur refusent.



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