La prochaine élection présidentielle aux États-Unis aura lieu le 5 novembre 2024. Et pour l’instant, il semble probable que les deux candidats principaux soient les mêmes que la dernière fois, en 2020! Et ce, en dépit des différents inconvénients, désavantages et autres casseroles qui s’attachent à eux…
95% des Américains ne veulent pas d’un nouveau match entre Biden et Trump, et 38% d’entre eux ne veulent ni l’un ni l’autre comme candidat. Si jamais la partie se rejoue entre les deux hommes, le gagnant risque d’être, non celui qui a le plus de vertus aux yeux d’une majorité d’électeurs, mais celui qui a le moins de vices. Toute ressemblance avec la France…
Joe Biden et la course vers l’impopularité
On savait déjà que, même pour les électeurs démocrates, l’âge avancé du président actuel était considéré comme un obstacle majeur. Maintenant, un nouveau sondage réalisé pour le Washington Post et la chaîne ABC, publié le 7 mai, révèle que la côte de popularité du chef d’État a atteint un nouveau nadir : 36%. Pour les électeurs de moins de 30 ans, le chiffre tombe à 26%, tandis son taux de désapprobation auprès des citoyens en général est de 56%. 68% pensent que Joe Biden est trop âgé, sa santé physique et son acuité mentale trop fragiles, pour gouverner de nouveau. Seuls 44% disqualifient Trump pour la même raison, bien qu’il n’ait que quatre ans de moins que Biden. Trump bat Biden aussi en termes de gestion de l’économie : 54% sont de l’avis que Trump s’en est mieux sorti dans ce domaine, contre 36% pour Biden. Quand on a demandé aux personnes interrogées pour qui ils voteraient « certainement ou probablement », 44% ont cité Trump contre 38% pour Biden. Cet écart n’est pas déterminant, mais il montre que, quand Biden justifie sa candidature pour 2024 en affirmant qu’il est le seul démocrate capable de battre Trump, c’est loin d’être sûr.
Donald Trump, collectionneur de procès
Déjà le 3 avril, l’ancien président a été inculpé par les autorités new-yorkaises sur 34 chefs d’accusation portant sur la fraude comptable et concernant ses relations avec l’ancienne actrice porno, Stormy Daniels. Maintenant, un tribunal fédéral à New York vient de le condamner pour agression sexuelle et diffamation contre la journaliste et auteur, E. Jean Carroll. Elle prétend qu’il l’aurait violée dans une cabine d’essayage d’une des boutiques du grand magasin Bergdorf Goodman à New York en 1995 ou 1996. Le jury a condamné Trump à verser cinq millions de dollars (4,5 millions d’euros) à la plaignante en dommages et intérêts : deux millions pour l’avoir molestée et trois pour l’avoir dénigrée en niant les accusations qu’elle a portées contre lui dans un bestseller de 2019, What Do We Need Men For ? Trump, qui a toujours maintenu qu’elle avait inventé l’incident afin de vendre son livre, a immédiatement fait appel.
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Trump semble ainsi être puni plus pour ce qu’il a dit de Carroll que pour ce qu’il lui aurait fait. Il s’agit d’ailleurs d’un procès civil où le niveau de preuve n’est pas aussi exigeant que dans un procès criminel. Le jury a en outre rejeté l’accusation de viol. Au tribunal, la victime a reconnu qu’elle ne se souvenait pas si l’agression avait eu lieu en 1995 ou 1996 et que son récit ressemblait étrangement à l’intrigue d’un épisode de la série télévisée, New York, unité spéciale, datant de 2012.
Guerre culturelle et guerre sexuelle
Il y a un donc un grain de crédibilité derrière la réaction scandalisée et typiquement hyperbolique, toute en majuscules, de Donald Trump sur sa plateforme, Truth Social : « JE NE CONNAIS ABSOLUMENT PAS CETTE FEMME ET NE SAIS PAS QUI C’EST. CE VERDICT EST HONTEUX – UN NOUVEL ÉPISODE DE LA PLUS GRANDE CHASSE AUX SORCIERS DE TOUS LES TEMPS ». La conviction de sa base électorale que Trump est la victime d’un complot ourdi par les élites mondialistes ne sera que renforcée. Pourtant, pour gagner une élection, Trump a besoin de convaincre un large public au-delà de sa seule base, et l’accumulation de procès pourrait bien l’en empêcher. Il a certes des atouts : l’impopularité de Biden et la façon dont ce dernier semble approuver les pires doctrines wokistes qui envahissent les domaines de l’éducation, de la médecine et de la vie en entreprise outre-Atlantique. Mais Biden n’est pas complètement désarmé non plus face à son adversaire.
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Peut-être que l’atout majeur que Biden possède encore, c’est la question de l’avortement. La décision de la Cour suprême, en juin de l’année dernière, qui a renversé le célèbre arrêt Roe v. Wade, a permis aux différents Etats de rendre l’accès à l’avortement plus difficile. 22 états ont profité du jugement pour imposer des restrictions dans ce domaine. Or, deux tiers des Américains restent favorables au principe d’un accès facile à l’avortement pour toutes les femmes. Donald Trump, qui a nommé les juges qui ont rendu possible le verdict de la Cour suprême, et le Parti républicain, dont certains membres ont longtemps mené campagne contre l’avortement, sont associés dans l’esprit des électeurs à cette mesure. Dans cet éternel retour des mêmes, il ne s’agit pas de savoir qui, de Biden ou Trump, suscitera le plus d’enthousiasme, mais qui suscitera le plus d’antagonisme.
Le prochain test important aura lieu ce jeudi 11 mai, quand Trump participera à un « town hall meeting » dans l’Etat du New Hampshire, une de ces réunions où les candidats à la candidature répondent aux questions du public.
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