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Trop d’honneur


Trop d’honneur
Le 17 septembre 2020, la représentante de l'UNEF Maryam Pougetoux a été autorisée à parler à l'Assemblée nationale dans un accoutrement islamiste. Image: Assemblée nationale.

Quand les Français qualifient le hijab de « signe religieux », ils se leurrent: il s’agit plutôt d’un symbole qui affirme que la loi religieuse doit primer sur la loi séculière, en contradiction flagrante avec la laïcité.


Et si prétendre lutter contre le port du hijab, du foulard ou de l’abaya en les qualifiant de signes religieux n’était in fine qu’une grossière erreur ? Le recours au qualificatif « religieux » n’aboutit en réalité qu’a ennoblir la chose. Y compris pour le pire des impies, ce terme évoque un territoire mental à part, élevé, qui ressortit au sacré. Éminemment respectable, en tout cas. La contradiction fondamentale serait donc là. Se dresser contre ce en quoi, dans les termes mêmes de la mise en accusation, on reconnaît une supériorité symbolique ne revient-il pas à se condamner d’emblée à l’échec ? En fait, on se serait fourré dans ce piège parce qu’on n’a pas trouvé mieux que l’étendard de la laïcité pour instruire le procès.

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La laïcité est une conquête sublime de notre civilisation à la française. C’est la reconnaissance du droit à l’intime. C’est en outre l’affirmation de l’inviolabilité de cet intime. S’il me convient d’être un adorateur de l’Oignon Suprême, j’en ai le droit, un droit imprescriptible. J’ai aussi la latitude de pratiquer le culte y afférent, voire de porter un vêtement à plusieurs peaux pour me distinguer. Le laïc ou le croyant qui me voit ne peut en tirer aucune conclusion autre que ma vénération pour cette légumineuse, par ailleurs tout à fait estimable. Tel n’est pas le cas pour le foulard, le hijab ou l’abaya. La personne, la collégienne, la lycéenne, l’étudiante qui revêt ce vêtement dans la sphère publique nous dit bien autre chose que sa prétendue liberté d’afficher son adhésion à l’intime confessionnel. Elle porte, elle expose le message de son assentiment à une doctrine de vie qui prône la polygamie, le statut d’épouse au rabais qui va avec, l’infériorisation systémique de la femme, la stigmatisation et la condamnation de l’homosexualité, la primauté de la loi religieuse sur la loi commune…

Accoler à un tel fatras de régressions à la fois intellectuelles, culturelles, sociales, politiques le qualificatif de « religieux », c’est à l’évidence leur faire trop d’honneur. Osons dire de quoi ils sont le nom. De quoi ils sont le signe. Au demeurant, il serait intéressant de savoir si leurs condisciples – bien que biberonnés à l’obligation de bienveillance si savamment distillée par la pensée dominante – se montreraient toujours aussi passifs, aussi tolérants si ces signes leur étaient présentés sous cet angle, et non celui d’une prétendue liberté de conscience.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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