Vous ne le saviez peut-être pas, mais le troisième sexe n’est pas une invention contemporaine. Preuve en sont les anges qui, dès le Moyen-Âge, étaient vus par tout un chacun comme des êtres permettant d’interroger le genre…
On attribuait déjà aux débats sur le sexe des anges la responsabilité de la chute de Constantinople. Mais ce n’est pas tout : sachez que les anges sont les ancêtres de la reconnaissance contemporaine du « troisième genre » ! C’est du moins ce que nous affirment, dans un billet intitulé « Le sexe des anges, un troisième genre ? », les « doctorant.e.s et docteur.e.s » du blog Actuel Moyen Âge, hébergé par Libération.
L’article signé Florian Besson se fonde sur les thèses d’Anne-Marie Helvétius, médiéviste à Paris 8 : dans sa publication « Le sexe des anges au Moyen Âge », l’universitaire explique qu’aux premiers siècles du christianisme, le rejet constant de la sexualité a conduit à une forme d’égalisation des sexes devant et par la virginité, assimilée à la perfection angélique. Partant, les moines et moniales vierges « sont en quelque sorte représentants d’un troisième genre, le genre asexué des origines de l’humanité créée à l’image de Dieu ».
Enthousiasmé par cette formulation douteuse, Florian Besson n’hésite pas à en conclure qu’« au cœur du christianisme, il y a donc une interrogation sur le genre, vu comme une construction artificielle que la religion permet de dépasser ». Pour cette raison, il n’est par exemple « pas surprenant de voir des langues médiévales inventer une forme d’écriture inclusive ». Et notre penseur de renvoyer à la lecture d’un autre de ses articles, qui essayait poussivement de montrer un lien entre le féminisme orthographique actuel et un hommage à « une seigneur » au xie siècle.
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Hélas, tapi dans l’ombre, le mâle attendait son heure. Les clercs des xie et xiie siècles auraient ainsi progressivement réussi à instituer une lecture patriarcale de l’Évangile, consacrant « la victoire de la masculinité sur le ‘‘sexe universel’’ », dit Helvétius. Exit le sexe des anges, place au phallus. Florian Besson en tire d’édifiantes leçons pour le présent : « On comprend que la réflexion sur un troisième genre va avec la construction d’une société moins genrée, ou en tout cas moins patriarcale. Quand on arrête de réfléchir aux ambiguïtés du genre, ce sont les hommes qui dominent. »
En réalité, les chastes ascètes, ainsi que leur modèle angélique, ressemblent assez peu aux thuriféraires de la « non-binarité ». À croire que certains entendent moins comprendre le passé que justifier les bizarreries du présent.