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Zyva, Merkel, libre-échange et roms: indiscrétions assurées


Zyva, Merkel, libre-échange et roms: indiscrétions assurées

trocadero psg zyva

Les casseurs du Trocadéro étaient des « zyva », pas des ultras.
Dans l’ébullition qui a suivi les violences du Trocadéro, intervenues le 12 mai après la victoire du PSG en Ligue 1 de football, plusieurs médias ont mis en avant le conflit entre un groupe de supporters – les « Ultras » – et la direction du club. Il y a trois ans, après, il est vrai, des violences ayant entraîné la mort de deux supporters, celle-ci avait dissous les deux « kops » (tribunes) – Auteuil et Boulogne –, leur interdisant de se regrouper dans le stade. Une partie des habitués, qui se sont autoproclamés « Ultras », ont alors boycotté les matchs. Et leur banderole – « Liberté pour les Ultras » – flottait effectivement place du Trocadéro le soir des violences.
De nombreux articles, notamment celui paru dans Le Monde du 16 mai sous le titre « Les Ultras résistants », ont privilégié cette hypothèse qui contrastait singulièrement avec les images diffusées en boucle sur Internet et les chaînes d’info – jusqu’à ce que la police interdise aux reporters de filmer. À l’évidence, les assaillants n’avaient pas grand-chose à voir avec des supporters du PSG, même « ultras ». Il s’agissait plutôt d’une intervention massive et apparemment organisée de « jeunes de banlieue », comme on dit.[access capability= »lire_inedits »] Certains clamaient d’ailleurs qu’ils n’en n’avaient « rien à foutre du foot ». Ils étaient venus, disaient-ils, pour « tout casser et se battre avec les flics ». L’audience au cours de laquelle les jeunes interpellés dans la soirée ont été jugés en flagrant délit a bien confirmé que l’arbre des « Ultras » avait servi à cacher la forêt des bandes de banlieue. Il ne manquerait plus que les « cailleras » cassent autant sous Hollande que sous Sarkozy ! Voire, plus grave encore, qu’ils prennent l’habitude de brûler des voitures à Paris au lieu de s’en prendre à celles de leurs voisins de cité. Personne ne leur a dit que, maintenant, c’était le changement ?
Pour Angela Merkel, le Smic est la cause du chômage en Europe.
Quand François Hollande a, sur un ton plus que modéré, évoqué les « amicales tensions » entre la France et l’Allemagne, nous avons eu droit à un concert d’indignation. La plupart de nos éditorialistes ont évoqué, souvent sur un ton très anxieux, le spectre de la « germanophobie » montante dans le pays. Les mélenchonistes, les députés frondeurs du PS et certains élus de l’UMP étaient désignés comme les idiots utiles d’un retour à la haine du « Boche ». Au point qu’on a craint une poussée d’eczéma carabinée de Bernard Guetta qui, depuis des années, prône quotidiennement la fusion entre la France et l’Allemagne, prélude à l’avenir radieux de l’Europe une et indivisible. En revanche, lorsque, vers la fin avril, Angela Merkel est montée au créneau contre les pays qui ont instauré un salaire minimum (France, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal), pointant une supposée corrélation – très contestée par ailleurs – entre Smic et chômage, l’information a été commentée de-ci de-là, mais nul ne s’est offusqué de ses mauvaises manières. Il s’agissait pourtant d’une ingérence maladroite dans la politique intérieure desdits pays, les politiques sociales relevant, selon les tables de la loi européennes, de la souveraineté nationale.
Le traité de libre-échange euro-américain prépare le meilleur des mondes sans frontières.
On pensait que le débat sur l’exception culturelle ou sur le bœuf aux hormones était derrière nous. Fatale erreur ! Pour Obama, tout doit être mis sur la table pour ce méga-traité, qui porte sur 30% des échanges commerciaux mondiaux, et dont les objectifs plus ou moins avoués sont de lutter contre le développement du protectionnisme et d’initier une contre-offensive des pays développés face à la montée en puissance des pays émergents. François Hollande n’en a pas dit un mot lors de sa conférence de presse. Les médias ont peu évoqué le dossier. Bref, on dirait que ce genre d’accord – qui contribue à changer notre monde au moins autant que le mariage gay – ne peut se concocter qu’à l’abri du regard des peuples dits souverains.
On aurait préféré que la coopération entre les deux continents, qui ont objectivement des intérêts communs, se développe aussi sur le front du protectionnisme industriel. Ainsi l’Amérique a-t-elle, voici deux ans – fait, là encore, peu commenté − mis en place une taxe de 250% sur les importations de panneaux solaires chinois tandis que l’UE « envisageait » une taxe de 47% – finalement écartée par Angela Merkel. Entre-temps des dizaines de PME spécialisées dans le solaire ont mis la clef sous la porte en France et en Allemagne.
L’Allemagne et l’Angleterre ne veulent plus accueillir de Roms.
Rappelez-vous l’hystérie sémantique qui s’était emparée d’une partie de la gauche française après le fameux « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy. Pour commenter des expulsions du territoire accompagnées de primes – et permettant aux personnes concernées de revenir en France six mois plus tard –, on parlait de « chasse aux Roms » et de « déportations ». La commissaire européenne Viviane Reding évoqua explicitement le nazisme, pour le plus grand bonheur d’une partie de nos médias. En revanche, aucun n’a évoqué la récente et très officielle requête du ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich (CSU), soutenu par ses collègues autrichien, anglais et hollandais : ceux-ci souhaitent obtenir une dérogation pour ne pas accueillir les Roms qui, notamment en Allemagne, bénéficient de prestations sociales avantageuses – et donc coûteuses − accordées par les municipalités et les Länder. Quoique rédigée avec une grande pudeur – on y parle de « certaines populations » issues de Bulgarie et de Roumanie et non de Roms, cette demande constitue un véritable « forfait » contre la libre circulation des citoyens de l’Union : il ne s’agit plus de reconduire aux frontières mais de refuser d’accueillir des candidats à l’immigration de l’Union européenne. Bien entendu, la réponse de Viviane Reding a été sèche comme une bûche de Bavière : « Tous les États de l’UE, y compris le ministre allemand de l’Intérieur, sont invités à participer aux efforts et aides mis en place en direction des Roms. La dépense relève de la compétence des États. »
L’affaire méritait bien une brève dans Libé ou dans Le Monde, non ? Non ? Bon. Donc on reparlera des Roms quand Sarko sera revenu à l’Élysée.[/access]

*Photo: capture d’écran Le Figaro TV

Juin 2013 #3

Article extrait du Magazine Causeur



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