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Tricoteuses 2.0

Décolonialisme et bataille de chiffonniers


Tricoteuses 2.0
D.R.

Lorsque la star britannique du tricot Karen Templer, à la suite d’un voyage en Inde, a fait part sur son blog de son désir de s’inspirer des couleurs vives de Bollywood pour sa prochaine collection, mal lui en a pris


Une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Loin de la petite mamie tricotant dans son rocking-chair, l’art de l’aiguille est redevenu hype depuis quelques années. Et les influenceuses mode envahissent Instagram de leurs créations qui revisitent la maille.

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Quoi de plus inoffensif ? C’était sans compter sur les antiracistes qui se sont empressés de détricoter cet artisanat ancestral. Lorsque la star britannique du tricot Karen Templer, à la suite d’un voyage en Inde, a fait part sur son blog de son désir de s’inspirer des couleurs vives de Bollywood pour sa prochaine collection, mal lui en a pris. Karen étant blanche, les séparatistes du tricot, dont Rose Mahon, une métisse indo-britannique, ont tôt fait de l’accuser de colonialisme. « En tant que moitié indienne, son post, bien que bienveillant, m’a rappelé les conversations que j’ai toujours eues avec les Blancs qui me faisaient part de leur fascination pour le pays de mon père, “c’est si coloré, complexe et inspirant” ce qui n’est pas faux en soi, mais terriblement réducteur. »

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Comble du syndrome de Stockholm, Karen a non seulement dû s’excuser, mais a de surcroît remercié les vigies antiracistes de l’avoir rappelée à l’ordre. Ingrate, la Toile n’a pas passé l’éponge. Pire, les thuriféraires du politiquement correct anglo-saxon (« woke ») accusent par-dessus le marché le tricot d’être élitiste et réservé aux seuls Occidentaux. Morceau choisi : « Des centaines de personnes de couleur ont partagé leurs expériences. Elles disent être ignorées dans les magasins consacrés au tricot. Les tricoteuses blanches les qualifient de pauvres et d’ignorantes ou affirment ne pas savoir que les Noirs et les Asiatiques puissent aussi tricoter. »

Il faut dire que le prénom de Karen Templer parle pour elle. En anglais bien-pensant, une « Karen » désigne en effet une femme blanche d’un certain âge totalement ignorante des questions de race et de genre. En un mot, une coupable.

Septembre 2020 – Causeur #82

Article extrait du Magazine Causeur




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est enseignante.

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