Il y a des jours où on se dit qu’on a confiance dans la justice de son pays. Après le Conseil des Prud’hommes de Poissy, la Cour d’Appel de Versailles a confirmé aujourd’hui que les enfants des cités avaient droit, eux aussi, à la neutralité républicaine. Baby-Loup, crèche associative de Chanteloup Les Vignes, ouverte 7 jours sur 7 et 24/24, avait le droit de licencier une employée qui refusait d’ôter son voile islamique.
À vrai dire, on n’en espérait pas tant de juges qui, il y a quelques années, avaient souvent tendance à aller dans le sens du vent et du Conseil d’Etat qui chantonnait « chacun fait ce qui lui plaît ». Entre le premier conflit du voile, en 1984, et le vote de la loi de 2004 prohibant les signes religieux ostensibles à l’école, la jurisprudence a été confuse, contradictoire et au moins partiellement marquée par le différentialisme ambiant. Ces dernières années, ce n’étaient pas les « Sages » du Conseil d’Etat ou du Conseil Constitutionnel qui intimidaient les magistrats mais la Halde. Aujourd’hui, alors que les conflits se multiplient à l’école, dans l’entreprise, voire dans la rue et que le sujet terrifie la classe politique qui vit dans la hantise d’être accusée d’islamophobie, on dirait que les juges, en tout cas des juges, entendent défendre la laïcité. Non, le « Printemps laïque » n’a pas commencé. Mais cette hirondelle est la bienvenue.
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