Grand amateur de littérature d’espionnage, notre chroniqueur ne tarit pas d’éloges sur l’œuvre de Trevanian, un Américain d’une intelligence rare, d’un cynisme accompli, ancien résident du Pays basque français — homme de goût donc, et de convictions.
Peut-être vous rappelez-vous La Sanction, un film de et avec Clint Eastwood, lancé sur la face nord de l’Eiger, en Suisse, avec une équipe dont il doit éliminer l’un des membres — sans savoir lequel. Le roman dont est tiré le film est signé Trevanian, nom de plume de Rodney Whitaker (1931-2005), honorable professeur de communication à l’université d’Austin, au Texas, romancier sous divers pseudonymes, et résident permanent du Pays basque français.


En 1979 Trevanian sort Shibumi, un roman d’espionnage qui enrobe une philosophie de la vie, des considérations d’une acuité remarquable sur l’état du monde et particulièrement celui des Etats-Unis, et une exaltation du shibumi, cet art de vivre japonais qui « implique l’idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales ». Rien d’étonnant quand on sait que Whitaker, après avoir fait la guerre durant quatre ans en Corée, a passé du temps au Japon. Un jardin zen dans un vieux château basque vaut mieux que la brousse exubérante que vous laissez pousser autour de votre pavillon de banlieue.
A relire, du même auteur: Qu’apporter, au Japon, lorsque vous êtes invité à un dîner?
Son héros, Nicholaï Hel, fils d’une aristocrate russe réfugiée à Shanghaï et d’un Allemand de passage, est un tueur exemplaire, le genre qui vous occit (ceci est une forme inventée du verbe défectif occire, goûtez-en tout le suc) avec une paille ou une carte de crédit. Autrefois formé par un maître de Go — le roman est divisé en phases du jeu le plus japonais qui soit — orphelin adopté par un général nippon
