Je l’ai lu dans le journal, la France s’apprête à vivre, à cause de Fillon, les heures les plus libérales de son histoire. Finis les badinages, pour vivre avec mon temps, désormais, je m’intéresse exclusivement au management. Ça a son charme, remarquez.
D’abord, signalons qu’une entreprise de Toulouse, Mediameeting, propose une solution de gestion du personnel par la diffusion de messages sonores dans les bureaux et les usines. La société développe même, pour ses clients, d’authentiques radios d’entreprise – alternant programme musical, informations pratiques et messages parlés de la direction générale. Attention, la musique n’est pas là pour faire joli, explique Mediameeting, « elle libère les tensions, capte l’attention, favorise la mémorisation, dynamise, améliore l’humeur et facilite l’adhésion à un projet ». De là découle le concept de management par l’infotainment. Ne riez pas, il y a un marché.
Le management s’intéresse aussi à notre bonheur. Manifestement, c’est un truc assez neuf, pour paraphraser Saint-Just. Dans les colonnes de L’Expansion, nous apprenons que la mode des « chief happiness officer », importée du pays d’Elvis Presley, se développe en France. C’est même du dernier chic dans les services de ressources humaines. Ils ont en charge le bien-être du personnel. Vaste programme ! Le mensuel économique, d’ailleurs, parle d’une « mélodie du bonheur en entreprise ». Ce qui est nécessaire au bon développement personnel des salariés, nous explique-t-on, c’est d’abord un cadre reformaté façon start-up : une salle de pause avec un billard et un baby-foot, une déco très fraîche et des pauses sieste express, comme à Palo Alto. On annonce à ce sujet l’existence d’un cabinet de conseil en coolitude entrepreneuriale appelé « Happy-formance », spécialisé sur ce segment de marché. Ce cabinet prône – là encore comme dans la Silicon Valley – la généralisation du bureau non attribué, le flex desk, en contexte open space, ça va sans dire.
En bouclant mes recherches, j’apprends l’existence d’un très sérieux « Institut d’économie du bonheur ». Il se donne pour mission « d’optimiser et réenchanter les comportements économiques ». À quand un Institut de poésie managériale ?
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