De nombreuses voix à gauche affirment que Trappes est une ville comme les autres. De deux choses l’une, soit ils sont aveugles, soit la situation nationale globale est plus critique encore qu’on ne le pense. L’analyse d’Aurélien Marq.
En pleine polémique sur la notion et le terme d’islamo-gauchisme, un buzz chassant l’autre, il semble que l’on ait oublié Trappes, dont la situation et les réactions qu’elle suscite illustrent pourtant à merveille ce fameux islamo-gauchisme.
Au plan théorique, j’en propose la définition suivante : une hostilité à « l’ordre bourgeois » et/ou à l’Occident qui conduit à affirmer que le monde entier est responsable des crimes commis par des musulmans au nom de l’islam, sauf les musulmans et l’islam.
Au plan expérimental, il suffit d’observer François Burgat, Philippe Marlière, Olivier Roy, Virginie Despentes ou Edwy Plenel pour en avoir des échantillons bien représentatifs. Ou de se souvenir de ce qui s’est passé il y a peu. Ainsi, de bonnes âmes se sont étonnées d’une « rupture » entre Trappes, la ville « follement romanesque » (pour citer Ariane Chemin) qui a fait émerger Jamel Debouzze, Nicolas Anelka et Omar Sy, et Trappes, la ville aux 70 jihadistes, où un enseignant – soutenu par nombre de ses collèges – est menacé de mort parce qu’il dénonce l’islamisation. Et de s’interroger, de se demander ce qui a bien pu se passer… Mais il ne s’est rien passé que de très logique : il n’y a eu aucune rupture, seulement une parfaite continuité.
Jamel, Omar Sy, Anelka…
Car enfin ! Il faut écouter les sketchs de Jamel pour savoir quel monde il décrit, de quoi il s’inspire, de quel contexte, de quelle culture. Il faut suivre les prises de position d’Omar Sy depuis sa résidence de luxe aux USA – car ces si beaux succès de la si merveilleuse ville de Trappes ne restent manifestement pas y vivre, et n’y laissent pas leurs familles. Il faut se souvenir du rôle d’Anelka – devenu Bilal Anelka depuis sa conversion à l’islam – dans le fiasco de Knysna, et de ses propos élogieux sur Kémi Séba, Dieudonné et Tariq Ramadan. Il faut redire qu’ils sont des produits de la discrimination « positive » mise en place localement[tooltips content= »Ainsi que l’expliquent Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué dans leur livre et lors de leur audition parlementaire. Mme Raphaëlle Bacqué: “Ces personnalités ont réussi non seulement par le communisme municipal, mais aussi par des politiques de discrimination positive. C’est important et nous y consacrons un chapitre dans notre livre. Jamel Debbouze, Omar Sy et Nicolas Anelka entrent à Canal+ ou au PSG par les politiques de discrimination positive et par la volonté de Canal+ de développer la diversité. Nadia Hai, qui est aujourd’hui ministre et qui a été députée, est de Trappes. Elle est aussi le produit d’une politique de discrimination positive, qui lui a permis d’entrer dans la banque.” https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/comptes-rendus/csprincrep/l15csprincrep2021032_compte-rendu# »](1)[/tooltips] : quels brillants résultats, quelles belles contributions à l’idéal républicain et à l’assimilation ! Non ? Ça alors !
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Aucun n’a jamais été mis en avant ni ne s’est mis en avant comme Français, mais comme « issu de », et toujours profondément « lié à ». À survaloriser la diversité « qui est une chance pour la France » (alors que c’est surtout la France qui est une chance pour la « diversité », sans quoi cette « diversité » ne se presserait pas si nombreuse à nos portes), on crée une catégorie à part, à part des Blancs, à part des Français et à part de la France. On valorise une communauté en tant que communauté distincte de la communauté nationale, et ça alors ! On vient ensuite s’étonner du communautarisme.
L’idéologie diversitaire contre le réel
On laisse l’islam s’installer comme norme – au sens de « ce qui est normal » – et ça alors ! On s’étonne ensuite que des jeunes prennent les armes pour que le même islam devienne la norme – au sens de « ce qui est normatif ». Qui l’eût cru ? Ce n’est après tout que la définition la plus simple de l’islamisme : vouloir que l’islam soit la norme, dans les deux sens du terme, le normal et le normatif.
Et toujours, on s’étonne. Et on ânonne les mantras de l’idéologie diversitaire et ceux de l’Église de Sociologie pour tenter de chasser ce vilain réel si déplaisant. Vade retro, veritas ! Jean-Marc Morandini, qui a pourtant réalisé un reportage courageux, se retrouve face à une ville Potemkine dont le couronnement est ce coiffeur/barbier qui affirme sa mixité alors que son site internet précise encore qu’il est exclusivement pour homme – mais ô surprise, le site a été modifié après que des téléspectateurs vigilants aient signalé l’imposture sur Twitter. Ça alors ! Pour répondre à l’affirmation selon laquelle « les Portugais » auraient fui Trappes, voici une jeune femme d’origine portugaise, convertie à l’islam, voilée, fichée S, qui déclare que tout va bien[tooltips content= »Voir notre vidéo en fin d’article, à partir de la 12ème minute et 30 secondes https://www.cnews.fr/emission/2021-02-12/midi-news-du-12022021-104644″](2)[/tooltips]. Et alors que toute l’équipe de CNews devrait réagir…. rien. Ça alors ! Les Portugais peuvent rester à Trappes, voyez : il leur suffit de se convertir à la religion des nouveaux maîtres, et de la servir au détriment de la France. Quel merveilleux exemple de vivrensemble, quel éclatant triomphe républicain : l’unité nationale sous l’étendard de l’islam et l’inspiration des fichés S.
L’extrême gauche au chevet du maire
Mais ça alors ! Qui l’eût cru : on avait pourtant nourri cette jeune femme d’exemples positifs de réussite, comme Omar Sy qui soutient les Traoré, ou Bilal Anelka – comme lui elle s’est convertie – et sa fidélité envers Tariq Ramadan et Kémi Séba, le fondateur de la Tribu Ka, groupe dissout pour incitation à la haine raciale. Sans oublier la si inspirante discrimination « positive », qui par son existence même martèle sans relâche à tous ceux qui en bénéficient qu’ils sont les pauvres victimes d’incroyables injustices qu’il faut bien compenser.
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Et Yannick Jadot, Benoît Hamon, Clémentine Autain de s’empresser au chevet du maire de Trappes (maire « en suspens » suite à la décision du tribunal administratif d’invalider son élection, et à son appel suspensif qui lui permet de rester maire jusqu’à la décision finale du Conseil d’État) et chargent à qui mieux mieux l’enseignant lanceur d’alerte. Mais vérifications faites, il y a quand même une rupture concernant Trappes : c’est la rupture de stock des « ça alors ! » et des « qui l’eût cru » face à l’étonnement imbécile des aveugles volontaires.
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