Quoi qu’on pense du choc de moralisation, on se dit ces jours-ci que les storytellers sont fatigués, sans savoir si c’est parce qu’ils sont trop payés, comme certains footballeurs, ou juste trop bêtes, comme tous les footballeurs. Résultat de ce peu de savoir-faire, nos intrigues politiques hexagonales sont aussi plates qu’un épisode de Joséphine Ange gardien ou qu’un chef-d’œuvre de François Ozon.
Qu’il s’agisse des colères d’Ayrault, des fâcheries de Copé, des pleurs de rosière abusée après le bal de Filoche, des jauresseries de Mélenchon ou du mea culpa de Cahuzac sur BFM, toutes ses saynètes surjouées façon théâtre-club du lycée sont à mourir d’ennui car marquées au sceau infamant de la Qualité France.
Ah si nos raconteurs d’histoires déroulaient leurs arguments à la façon dont procède le producteur hollywoodien interprété par Dustin Hoffman dans Des hommes d’influence (Wag the Dog). Sorte de Stéphane Fouks ou d’Anne Hommel qui aurait du talent, Dustin y vole au secours d’un président bêtement englué dans un scandale sexuel avec une girl scout. Il le fait en réécrivant totalement l’actu politique des USA à la façon d’un soap sophistiqué et survitaminé. Ça finit bien pour le président mais c’est une autre histoire, que vous découvrirez en vous dénichant au fond d’un bac de soldeur le DVD du film de Barry Levinson ou l’excellent livre qui l’a inspiré, American Hero de Larry Beinhart.
En attendant, je me dis que Hollande serait bien inspiré de copier son collègue fictif américain (joué par De Niro, please) et de nous faire représenter une comédie jouissive en lieu et place de la pièce poussive de cour d’école qui monopolise nos JT. Contrairement à l’ami Kessler, je ne sais pas s’il nous faut un Grillo, et de toute façon, je ne vois rien venir. Mais d’ici là, j’aimerais bien qu’on nous raconte des belles histoires. Il nous faut un griot !
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