Permettre aux jeunes de 16 à 18 ans de changer de sexe gratuitement. Le tout pris en charge par la Sécurité sociale ? Les transactivistes en rêvent, la Haute Autorité de Santé en France veut le faire.
La Haute Autorité de Santé (HAS) veut même créer un véritable service public de la transition de genre[1]. Ainsi, selon ses recommandations, la prise en charge complète de la transition de genre devrait inclure le remboursement intégral des chirurgies et des traitements bien sûr, mais d’autres points tout autant inquiétants. En effet, pour accéder à ces protocoles, il n’y aurait pas évaluation psychologique, alors même que les effets de certains traitements sont irréversibles et que l’on parle ici de les délivrer à des mineurs. Pire même, la HAS propose de traiter en criminels des parents qui refuseraient cette transition pour leur enfant, en réclamant qu’ils soient déchus de leur autorité parentale.
Ainsi, ce même État qui retire de l’accès libre des médicaments comme l’Actifed, parce qu’il pense que les citoyens sont trop stupides pour l’utiliser correctement, parait accepter que l’on prenne à 16 ans des décisions qui affectent une vie entière et se traduisent par des traitements lourds à vie. Or l’État ne pouvait ignorer les biais militants de la HAS, un premier rapport sur ce thème ayant permis de mesurer l’ampleur du noyautage de cette institution par les militants les plus radicalisés sur le sujet. Recommandation après recommandation, la Haute Autorité de Santé semble être devenue le chef d’orchestre de la mise en œuvre des revendications des associations trans, alors même que les pays les plus en pointe sur ces questions en reviennent, que les scandales se multiplient et que des études montrent que la transition de genre comme outil empêchant le suicide ne fonctionne guère.
Le refus d’accepter que la transition soit liée à des problèmes de santé mentale
Il faut dire que la transition de genre est un modèle de contradiction dans les termes. Non seulement elle pose en soi une question d’équilibre psychologique mais elle est liée à des problèmes de santé mentale. Mais, pour faire plaisir aux activistes, il a fallu dépathologiser la demande, tout en médicalisant à outrance la réponse. Sauf que les études ont montré que les personnes souffrant ou croyant souffrir de dysphorie de genre cumulent souvent problèmes psychologiques ou psychiatriques et difficultés vis-à-vis de leur pratique sexuelle : la demande de transition est souvent associée à un refus de l’homosexualité (je ne suis pas homosexuel, je suis juste né dans le mauvais corps). De la même façon la question du rapport au réel n’est jamais posée. Or on n’est pas « assigné à un genre à la naissance », on a juste un sexe biologique. Mais comment poser la question du rapport au réel à une personne en situation de dysphorie de genre quand des médecins et des scientifiques, qui savent qu’il n’y a que deux sexes et que l’on ne peut en changer répandent, valident et cautionnent des discours idéologiques et se comportent non en scientifiques mais en militants ?
A lire aussi, Jeremy Stubbs: Enquête sur le lobby trans: l’argent n’a pas de sexe
Autre point gênant, le fait de refuser de voir que la demande de changement de sexe est effectivement une pathologie. Là encore c’est l’activisme trans et non la réalisation d’études qui ont poussé à dépathologiser cette question. Ainsi, « l’incongruence de genre » est sortie de la catégorie des troubles mentaux. Pourquoi une telle mobilisation ? Parce que la transidentité est basée sur une représentation de la toute-puissance de la volonté humaine et par ricochet sur la négation de sa dimension biologique. S’opposer à l’exercice de cette volonté individuelle est donc un abus de pouvoir, une forme d’agression et de violence. Or changer de sexe entraîne des effets lourds sur la santé des personnes, prendre des bloqueurs de puberté n’est pas sans risque, les hormones de substitution entraînent des effets secondaires importants. Si on ne montre jamais des reconstitution de sexe d’homme par exemple, c’est parce que le résultat est assez effrayant et que la vie sexuelle qui en résulte peu satisfaisante.
La transidentité vue comme une baguette magique
Mais il faut nier tout cela, nier aussi les suicides chez les personnes opérées comme l’existence de détransitionneurs, lesquels subissent d’ailleurs les foudres des associations trans qui les accusent de trahir la cause et d’empêcher que les obsessions des activistes deviennent les standards scientifiques. Or ces standards, centrés sur l’autodétermination, nient toutes limites extérieures aux désirs humains et érigent la volonté, l’exaltation comme le caprice en acte de souveraineté individuelle. Contrarier cette affirmation de soi équivaudrait à un acte de violence sociale et politique. Derrière se déploie un chantage au suicide, qui pèse particulièrement sur les familles : vouloir prendre le temps de la réflexion avant de mutiler un mineur ou de le placer sous traitement lourd est vu comme une forme de déni ou de malveillance qui met en danger la vie des personnes trans.
Une composition du groupe de travail orientée
À ce titre, la composition du groupe de travail de la HAS interpelle tant elle apparait orientée et peu équilibrée. La question de la présidence est en effet révélatrice. Les deux co-présidents sont non seulement des militants mais des personnes intéressées par le développement du secteur à titre professionnel comme personnel. Le premier, Clément Moreau, est un psychologue transgenre, directement concerné par le sujet et dont l’association accompagne les parcours de transition, tandis que le second est un chirurgien, Nicolas Morel-Journel, spécialisé dans les opérations de changement de sexe. Il est présenté dans la presse comme le médecin qui a fait de Lyon la capitale française du changement de sexe. Les deux hommes sont des militants de la transidentité, non des membres d’un groupe de travail essayant d’évaluer objectivement les besoins et les risques que l’on fait prendre aux personnes concernées.
A lire aussi: «Transmania»: le plus gros «casse conceptuel» du siècle?
Mais ce qui est inquiétant est le repli sur soi et la montée en agressivité de ces lobbys trans et l’emprise qu’ils ont sur les autorités publiques. Le problème est que la France va à rebours des États pionniers sur ces sujets. En effet, outre que l’Académie nationale de médecine a tiré la sonnette d’alarme sur les recommandations jugées fantaisistes ou bien peu fiables des lobbys trans, nombre d’institutions médicales en Suède comme en Angleterre reculent sur la question d’une utilisation précoce des bloqueurs de puberté. Ces autorités scientifiques mettent en garde contre un effet de mode qui expliquerait l’explosion des demandes comme sur le refus de prendre en compte les phénomènes de détransition ou de suicides suite à des chirurgies effectuées. Le risque de surestimation des diagnostics est ainsi pointé du doigt comme la violence de l’emprise des associations trans sur des individus souvent fragiles et en difficulté psychologiquement.
Les politiques qui tirent la sonnette d’alarme
En mai 2024, suite à un travail d’audition mené sur le thème de la transidentité par la sénatrice du Val d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, une loi a été adoptée par le Sénat afin d’encadrer les transitions de genre avant 18 ans et d’interdire les traitements hormonaux. Or cette question de la protection des mineurs a engendré des scènes d’hystérie à gauche. La prudence visant à empêcher que des mineurs ne prennent sans discernement des traitements qui engagent la vie entière, est devenue un refus d’accepter les trans. Or cela n’a rien à voir. Pire même, la vérité est vue comme une agression sociale. Or, on ne peut changer de sexe. Ceux qui prennent des hormones et subissent des chirurgies très agressives se battront toute leur vie contre un corps programmé pour produire des hormones en fonction de leur sexe biologique. On peut prendre l’apparence de l’autre sexe, c’est vrai, mais on ne peut pas véritablement changer de sexe biologique.
Les recommandations de la HAS en la matière ne sont pas encore définitives, elles ne sont même pas encore officielles. La fuite était-elle intentionnelle ? Est-ce un moyen de tester la réaction de la société et de la classe politique ? D’ores et déjà, ceux qui suivent ces questions ont réagi. Madame Eustache-Brinio a regretté dans un communiqué que l’on mette « entre les mains d’associations, pour la plupart transactivistes, des jeunes en questionnement et en détresse ». Elle espère que la HAS refusera de valider ces recommandations pour le moins orientées. Quant à David Lisnard, il a plus sobrement expliqué qu’il était temps d’arrêter avec ces autorités indépendantes dont la légitimité pose réellement question…
La balle est en l’air et de la décision que prendra la HAS, nous saurons si cette Autorité a encore quelque rapport avec la démarche scientifique ou si elle est tombée dans l’escarcelle militante, ce qui lui retire tout intérêt et toute crédibilité.
[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/la-haute-autorite-de-sante-veut-un-acces-gratuit-a-la-transition-de-genre-pour-tous-a-partir-de-16-ans-20241212