Comme tous les dictateurs, Ceausescu a eu une vie rocambolesque. Dans la biographie qu’il lui consacre, Traian Sandu retrace l’ascension et le règne de cet apprenti cordonnier devenu le « génie des Carpates ». L’histoire d’une prise d’otage d’un pays et de son peuple.
Les images ont fait le tour du monde. Le 25 décembre 1989, un couple comparaît devant un tribunal populaire, quelque part en Roumanie. Un homme à cheveux blancs et sa femme, manteaux sur le dos, opposent à leurs juges une superbe arrogance. Cette parodie de procès, retransmise en quasi-direct à la télévision, est suivie de l’exécution des condamnés à mort. Les mains liées, ils sont fusillés côte à côte par un peloton ivre de rage. Ainsi finissent les Ceausescu. Avant cet emballement de l’histoire, qui mit fin à la dictature atroce de Nicolae, cet Ubu roumain galvanisé par le vampire Elena, il y a eu le fameux discours du conducator, quelques jours plus tôt, à la tribune du Comité central, interrompu par les huées de la foule. On y voit le satrape à la voix chevrotante, incrédule, tétanisé, esquisser un geste de la main.

Un régime longtemps fréquentable
Ces images célèbres éclipsent une réalité : maître de la Roumanie dès 1965, le « Génie des Carpates »resta populaire jusqu’au mitan des années 1970. Puis l’homme est demeuré longtemps encore, tant dans l’Occident capitaliste que dans les satellites en délicatesse avec l’URSS, ou même en Israël,
