Lequel des deux est le moins amoureux de l’autre ? Telle est la seule question qu’il nous aura été donnée de trancher lors des cérémonies qui virent s’unir, à Monaco, deux des plus navrants tourtereaux de l’année. J’ai longtemps cru que cette question psychologique dépassait les capacités d’un pauvre chroniqueur royal comme moi, mais avec le recul, je donnerais volontiers l’avantage à Albert. Si le regard de Mademoiselle Wittstock s’est souvent égaré dans la contemplation béate des nuages (ces fameux nuages dont nous parle Baudelaire), l’époux fut, et de loin, le plus indifférent aux charmes de sa femme. Charlène a certainement un corps de rêve, mais ce n’est pas le sien.
Le plus frappant est la résignation avec laquelle l’épouse en a pris son parti. Lady Di était peut-être un peu niaise, mais elle avait au moins un sentiment très vif de sa solitude avec laquelle il ne lui déplaisait pas d’éclabousser la Couronne d’Angleterre. Une fois la lune de miel passée, Charlène aura-t-elle le front de tromper son mari avec le fils d’un marchand de canons ? Aura-t-elle seulement l’audace de balancer ses jambes assise sur le plongeoir d’un yacht ? On aimerait en avoir la certitude, seulement rien n’est moins sûr. Je sais que la princesse est entourée de conseillers qui lui veulent du bien, autrement dit du mal, et je ne serai pas étonné d’apprendre que ce mariage asexué évolue vers la tragédie la plus complète.
Il faut ajouter qu’hormis quelques brefs moments d’agacements (dont la scène du baiser) Albert n’a cessé de la regarder en chien de faïence, lui aussi. En ce sens, mais en ce sens seulement, on peut dire qu’ils sont faits l’un pour l’autre.
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