C’est l’agence de presse Belga qui rapporte ce fait divers ébouriffant : Vendredi soir, à l’aéroport de Bruxelles, un ressortissant brésilien avait été gaulé par les douaniers en possession de quatre kilos de coke planqués dans sa valise à roulettes (À croire que tout le monde n’a encore pas adopté les principes stoïciens du Besson/Jaccard way of life. )
Chacun le sait, la lutte contre le trafic de produits récréatifs actuellement illégaux est une priorité absolue pour la Belgique, comme pour tous les autres pays de l’Union. En vertu de quoi notre narcotrafiquant junior (quatre malheureux kilos, c’est quand même pas la French Connection…) a été relaxé samedi par un juge d’instruction, comme vient de le confirmer le parquet de Bruxelles.
L’homme âgé de 25 ans avait comparu dans le courant de la journée devant le juge d’instruction, qui l’a relaxé après audition. Selon l’avocate du suspect, Maître Mieke Thijssen, aucun interprète portugais n’a en effet pu être trouvé pour traduire les propos de son client.
Toujours d’après l’heureux avocat, son client est aussitôt reparti en taxi pour l’aéroport de Zaventem, d’où il a « très vraisemblablement » rejoint le Brésil. On ignore pour l’instant s’il compte engager des poursuites contre l’« Etat » belge pour récupérer ses bagages et leur contenu.
Cette affaire est d’autant plus cocasse que pour cause d’institutions européennes, Bruxelles est la ville du Vieux Continent , et probablement du monde où l’on trouve le plus grand nombre d’interprètes et de traducteurs par habitant. Faut pas croire qu’une directive communautaire concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade ou un projet d’amendement à une directive sur les produits cosmétiques vont se traduire tous seuls du bulgare au letton ou du hollandais au finnois.
Alors pourquoi donc est-il rigoureusement impossible de trouver un interprète parlant à la fois le français et le portugais un samedi à Bruxelles ? Pour cause de présence réduite du judaïsme au Portugal depuis plus de cinq siècles, on écartera d’emblée la piste du shabbat généralisé.
Reste, pour expliquer cette pénurie inattendue, l’hypothèse avancée autrefois par Coluche qui stipulait que « Si tu files le Sahara aux technocrates, dans deux ans, ils importent du sable ».
*Photo : Adam Swank.
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