Au lieu de passer ses journées devant la télé, la jeune Chloe Stirling, de Troy, dans l’Illinois, a lancé son propre business. Agée d’à peine 11 ans, elle fait des cupcakes dans sa cuisine avec sa maman. Ceux-ci sont vendus, dix dollars la douzaine, afin notamment de soutenir un de ses camarades de classe, atteint d’un cancer.
Ému de son initiative, un journaliste a publié un article sur un site internet d’info locale, louant le dynamisme d’une si jeune personne et son esprit d’entreprise.
Dès le lendemain, le département de la santé publique d’Illinois a téléphoné à la maman de Chloe, pour l’enjoindre d’arrêter tout de suite la préparation et la vente des fameux cupcakes. Ces derniers ne satisfaisant tout simplement pas aux exigences de santé publique de l’Etat. L’officier de police a ajouté que la petite fille ne pourrait poursuivre la vente de ses petits gâteaux « qu’à condition que ses parents ouvrent une boulangerie, ou du moins construisent une cuisine séparée.».
Déçue, la maman de Chloe, Heather Stirling s’épanche : « Avec son père, nous lui avions acheté un petit frigo. Puis ses grands-parents lui ont offert un mixer. » Mais de là à être en mesure de satisfaire aux exigences du département de Santé publique, il y a une marge. Et Heather s’avoue vaincue: « Une cuisine séparée ! Qui pourrait faire cela ? ».
Le Département de Santé publique réagit aux déclarations de la maman de Chloe avec une clarté confinant à la tautologie : « Les règles sont les règles. Notre objectif est de protéger la santé publique. » Au même instant, les policiers, eux, insistent sur leur souci d’égalité : « Le règlement est le même pour tout le monde. ».
Cette histoire insolite serait drôle si elle ne venait s’ajouter à la longue liste des cas où, aux Etats-Unis, la puissance publique sanctionne des activités aussi banales qu’inoffensives. Pour n’en citer que quelques-uns : en 2010, en Pennsylvanie, la police fédérale a perquisitionné une ferme amish, à cinq heures du matin, pour y saisir du « lait cru non autorisé » qui venait d’être trait. Dans le même Etat, à Philadelphie, une femme avait dû s’acquitter d’une licence de bloggeur à 300 dollars pour avoir créé un blog avec lequel elle n’avait gagné que 11 malheureux dollars. Enfin, on se souvient du cas très cocasse des 30 personnes âgées, arrêtées par la police dans le Winsconsin, alors qu’elles étaient venues manifester devant Capitole de cet Etat pour la défense de la liberté d’expression. Motif inscrit sur les mandats d’arrestation : « chante sans autorisation ».
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