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Tout mais pas ça!

Le billet de Marie-Hélène Verdier


Tout mais pas ça!
DR.

Les loups — quels loups ?


Ici, Radio Paris. Un Français parle aux Français. Le coq chantera trois fois. Je ne plaisante pas. Les loups vont siéger dans Paris. Tu peux sourire, charmante Elvire ! Résistance ! Résistance à la meute dans l’hémicycle, au loup à Matignon. Barrage ! Tout mais pas ça ! Pas une voix, pas une seule, pour les Loups… ouh… ouh !

Un sanglot long des violons a parcouru la France. Les briscards de la politique et des lettres,  de la philosophie politique et les politologues sont sortis du bois joli. En attente du tocsin, ils ont tiré la sonnette d’alarme. Tout mais pas ça ! Ah ! Si l’appel au muezzin pouvait retentir ! Si les cloches pouvaient résonner ! Et tandis que chacun, la main sur le cœur, y allait de son appel aux valeurs républicaines, sur le front se concluaient, fébriles, des alliances farfelues ou honteuses, des accords contre nature, des désistements crapoteux. Les loups sont aux portes de Paris ! Sors ton mouchoir, charmante Elvire !

Et les mots d’ordre, cryptés, de fleurir dans la cacophonie. Se rallier n’est pas s’allier, une carpe est un lapin, jouer c’est tricher. Il y a antisémitisme et antisémitisme. Mélenchon n’est pas Mélenchon. « Je est un autre ». Parce que j’ai une gueule d’atmosphère ? Je dis blanc mais je pense noir / rouge selon la lune. Je vote NFP mais confesse R.N. Je m’abstiens parce que je suis résistant. Ni ni, c’est oui. Ou non. Ni vu ni connu, je t’embrouille.  De la vraie, de la haute voltige politique ! Et poétique, avec ça ! Inventive ! Non pasaran !

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Un soir, à Public Sénat, on enquêtait sur les électeurs du R.N. Bien sûr, on le sait depuis toujours, il y a le voteur des villes et le voteur des champs. Mais il fallait affiner : le voteur R.N est jeune, issu des classes populaires, paysan, il n’a pas fait d’études. Souvent, il n’a pas le bac. Pas bas de plafond mais un peu quand même, attaché à sa glèbe. Les autres votants sont bac + 3, ils font des études dans des facultés, ils roulent à vélo et cultivent de la sarriette sur leur balcon. Résumons : face au voteur éclairé, il y a le voteur ignorant, fanatisé, violent. Toujours cette histoire de rillettes Bordeau-Chesnel, vous vous souvenez ?  « Vous et moi, nous n’avons pas les mêmes valeurs. »

Moi qui croyais que notre République était assez forte pour soutenir tous les assauts ! Que l’exercice de la parole, la liberté d’opinion y avaient cours ! Que le peuple y était souverain, égal devant la loi ! Que Marianne était une femme solide ! Je me trompais ! Ainsi, certaines voix, —beaucoup, dites donc !— sont à mettre à l’écart ! Le winner / looser au pouvoir, n’a-t-il pas eu tout son temps pour contrer les idées nauséabondes de l’immigration incontrôlée, de l’islamisme radical, de l’insécurité, de la souveraineté nationale, du naufrage de l’école ? Que n’a-t-il écouté son peuple, qu’il aime tant, crier vers lui de toutes ses forces au lieu de crier au loup ouh…ouh…Tout ça pour avoir recours, in extremis, au père, pour justifier la dissolution d’une Chambre incontrôlable ?

En attendant, parmi ses sujets, c’est l’excitation généralisée. Peur et violence font rage. Comme au temps de Dreyfus, les familles sont divisées. En France, régner, est devenu diviser. Gouverner, manipuler, faire peur et avoir peur. Peur du Covid, peur des gilets jaunes, peur de l’Ogre des Carpates, peur des émeutes, peur des banlieues, peur des extrêmes, peur des phobies, peur du RN, peur pour la planète : la peur, on n’a connu que ça avec le président Macron. Peur de certaines alliances, dame, ce serait plutôt, une peur de gazelle. Pour cause d’amnésie ? Trou de mémoire ? Oubli du pogrom du 7 octobre ?

En attendant Godot, sur les plateaux télé, on a ressorti le camembert multicolore, les statistiques et les projections en sièges, et les mêmes idées « qui viennent de loin ». Et tout le monde de jacasser assis sur son tabouret. Alors, ces loups ? Quels loups ? Parce qu’il y aurait loup et loup ? Ris donc, charmante Elvire ! C’est pour mieux te manger, mon enfant !



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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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