Jusqu’où iriez-vous pour prendre un selfie? Ils sont fous ces touristes…
Le dictionnaire américain s’est enrichi d’un néologisme, touron, la combinaison de tourist et moron ou « abruti ». On pourrait le traduire en français par abrutouriste. Cette innovation linguistique, dérivée de l’argot des gardes forestiers, a été inspirée par une tendance observée depuis cinq ans parmi les visiteurs du parc national de Yellowstone. La célèbre réserve naturelle, dont les 9000 km2 classés au patrimoine mondial de l’Unesco s’étendent sur trois États, offre aux touristes de nombreuses opportunités pour apprécier la faune et la flore dans leur cadre naturel. Pourtant, les abrutis en question ne se contentent pas de quitter les pistes et les trottoirs en bois malgré les panneaux qui avertissent des dangers que représentent les animaux sauvages, les précipices escarpés et les sources thermales. Comme le montrent les images d’un compte Instagram, TouronsOfYellowstone, et d’une page Facebook, « L’invasion des abrutis » (total cumulé d’abonnés : 500 000), ils s’approchent de trop près des bisons, bêtes de 1 000 kilos capables de vous projeter en l’air comme un brin de paille ; ils se font poursuivre par des élans en colère, inquiets pour leurs petits ; ils se promènent parmi les ours, leur bébé dans les bras.
Ils se perchent périlleusement sur des rochers au bord des grandes chutes d’eau où traversent ces dernières sur un tronc d’arbre reliant deux pics ; ils s’approchent de trop près des geysers au risque de s’ébouillanter ; et prennent des selfies devant des animaux desquels il faut garder une distance minimum – 23 mètres pour les bisons et 91 pour les ours.
Récemment, un homme s’est distingué en se faisant filmer en train de provoquer des ours. Aujourd’hui, il est traqué par la police. Une influenceuse, qui s’est montrée, vêtue d’un short moulant, en train de caresser le nez d’un bison agenouillé, a reçu le titre de « Reine des abrutouristes ». Un livre entier a été publié pour inventorier tous les types d’accidents arrivés aux visiteurs du parc. Il en est aujourd’hui dans sa deuxième édition augmentée.