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Responsables, mais plus coupables

Le 7 octobre, dans un lycée de Tourcoing, une élève a giflé une enseignante qui lui demandait de retirer son voile islamique


Responsables, mais plus coupables
La ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet en déplacement à Tourcoing, où une enseignante a été agressée par une élève islamisée au lycée Sévigné, 10 octobre 2024 © Christophe Forestier/SIPA

Tourcoing / voile: l’incident survenu il y a une semaine démontre que les élèves musulmans sont de plus en plus nombreux à «tester» l’institution scolaire.


Le 7 octobre dernier, dans un lycée de Tourcoing, une élève a giflé une enseignante qui lui demandait de retirer son voile. Cette élève venait de se changer et s’apprêtait à quitter l’établissement. Elle a essayé de traverser le lycée voilée, jouant avec les limites, tentant de grignoter petit à petit le cadre de la laïcité. Il s’agit d’ailleurs là d’une transgression qui se répand dans les établissements scolaires.

L’enseignante aurait pu par lassitude, par renoncement, par peur, passer outre: ce n’était pas son élève, elle allait de toute façon remettre son voile dans la rue quelques minutes plus tard, elle n’était pas la seule à agir de la sorte.

Mais ce professeur a fait preuve de courage, de professionnalisme et surtout du sens de la responsabilité dont le manque dramatique provoque l’effondrement de l’autorité à l’école. Elle s’est montrée responsable de notre École. Responsable et respectueuse, non pas de passe-droits associés à une communauté particulière, mais de l’humanité des élèves, de leur intelligence et de leur capacité à être, devenir ou rester des enfants de la République.

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L’offensive islamiste gagne du terrain dans notre pays. Les professeurs se censurent par crainte des incidents ou des agressions. Mais aussi par un étrange sentiment de culpabilité, ils redoublent de précautions et de bienveillance. Nous nous sommes tous demandé à un moment ou un autre si nous n’allions pas heurter la sensibilité de nos élèves musulmans. Le sort tragique de Samuel Paty, dont nous commémorons pour la quatrième fois la mort en est l’illustration. Craignant d’offenser, il a proposé aux élèves qui pensaient être choqués de détourner le regard lors de sa séance sur la liberté d’expression. Le propos est revenu aux oreilles de l’élève absente qui a senti là une faiblesse et s’est engouffrée dans la faille. Elle a menti et, sanctionnée à ce moment-là par le collège, s’est servie de l’anecdote pour se dédouaner de ses propres agissements, inversant et transformant l’intention bienveillante en acte discriminatoire. On connaît la mécanique infernale qui a suivi.

Il n’y a pas de sensibilité particulière liée à une religion. Il n’y a que la colère de ceux qui constatent qu’on ne les craint pas assez, ou sentent qu’on veut les préserver comme une catégorie à part. Ils manipulent ainsi cyniquement la culpabilité fondamentale de bien des enseignants qui, se pensant privilégiés, pensent aussi que l’islam est intrinsèquement la religion de l’opprimé.

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Les foules écumant de rage qui demandent la tête de Salman Rushdie ne sont pas composées de pauvres âmes sensibles blessées, mais de fanatiques qui n’ont qu’un but : répandre et imposer la charia à tous et à chacun.

La logique des élèves qui se prétendent offensés est la même. Ils ne sont pas blessés, mais instrumentalisés par une idéologie totalitaire et mortifère.

La réponse doit évidemment être globale et politique.

Mais nous, professeurs, devons avoir à l’esprit la conduite exemplaire de notre collègue de Tourcoing et le souvenir lancinant de Samuel Paty, pour nous sentir responsables, mais plus coupables.

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